mercredi 29 octobre 2008

Beethoven piano concerto - Kissin / Davis / LSO - part IV

Quatrième post d'une série de cinq articles dédiés au nouvel album paru chez EMI classics le 19.09.2008


Klavierkonzert Nr. 4 in G-Dur
opus 58

Mon préféré des cinq concerti de Beethoven! Toutefois, cette version me laisse quelque peu songeuse. J'ai l'impression qu'il me manque une clé pour accéder jusqu'au plus profond de l'interprétation. Quelque chose m'échappe.

D'emblée, on est surpris par le tempo très lent du premier thème exposé par le piano solo. Et tout le mouvement suivra dans ce tempo modéré - allegro moderato, c'est pourtant bien ce que Beethoven indique sur la partition. Cette variation, quoique infime, a une influence énorme sur le caractère de ce premier mouvement habituellement léger et extrêmement lumineux - déjà le premier motif en lui-même, et surtout ensuite avec cette entrée si délicieusement surprenante de l'orchestre à la tierce majeure (soit Si Majeur). Kissin et Davis trainent un peu trop à mon goût, transformant la pièce en une sorte de grand romantique dégoulinant de lyrisme. Ca fait très 'école russe', et personnellement, je n'apprécie que très moyennement. C'est lourd, c'est pâteux, les sonorités sont sombres et voilées là où on les aimerait claires et fraiches. Maurizzio Pollini par exemple, bien deux fois plus âgé que Evgeny Kissin, a une transparence tellement plus juvénile!
Malgré tout, il y a quelques passages extraordinaires, où soudain l'orchestre et le pianiste trouvent la sonorité adéquate, surtout dans les passages plus doux, notamment le second thème, et en général dès que le jeu est plus détaché. Et puis, comme je le soulignais dans ma critique du second concerto, il y a ces magnifiques basses du LSO, qui ressortent de la masse, avec leur rondeur de son et la profondeur qu'elles confèrent à l'ensemble de la masse sonore. (Décidément, je suis trop fan des basses du LSO.)

Le second mouvement, que je n'ai pour le moment jamais eu la chance d'entendre dans une interprétation qui me convienne vraiment, me convainc beaucoup plus. Une simplicité qui n'est pas sans profondeur, et, dans les cordes, un unisono d'une grande intensité dramatique, pour un très beau contraste. Et, en vérité, Kissin est merveilleux dans cet andante con moto. Mon Dieu que ce mouvement lent est criminellement court!

Troisième moment est changeant comme une toile expressionniste. Surprenant, mais captivant. Des violoncelles molto esspressivo - damned, on sent tellement le plaisir qu'a tout violoncelliste à jouer de telles phrases! - on passe à un piano vif et articulé, on alterne les grands traits mélodieux avec les petites cellules très rythmées, jouant entre legato et staccato, forte et piano, accents brusques, clarinette chantée, chaque mesure apporte son lot de surprises, impossible de s'ennuyer. Chapeau bas, Messieurs, un génie! (Qui a dit cette phrase, et au sujet de qui? Celui ou celle qui trouve aura le droit à un bisou virtuel.)

Au final, il s'agit encore et toujours du même problème d'Aufführungspraxis de Beethoven: faut-il avoir une approche romantique? Une approche plus 'austère'? Kissin et Davis ont manifestement opté pour une romantisme catégorique, portant l'accent sur le lyrisme, usant force pédale, legato, et rubato (!) au lieu de miser - ce que j'aurais préféré - sur l'articulation. (Ce qui m'attriste d'autant plus que Kissin a une précision tellement éblouissante que je me réjouissais de l'entendre magnifier ces trilles et autres passages rapides.) Sans doute aussi une réaction de frustration de ma part, qui ne m'attendais pas à cela et qui suis donc déçue.
Heureusement, il y a cet intense deuxième mouvement. Et le rondo! Vraiment, ces deux mouvements sont magistralement joués, plus je les écoute, plus je les aime. (Depuis 19:00 je ne fais que cela, il est 23:20, je vous laisse imaginer le nombre de fois que je me les suis passés.)

Bon, maintenant je vais me pencher plus sérieusement sur la partition que je viens d'acheter cette après-midi. Parce que je ne vous ai pas dit: je suis un séminaire de musicologie, Beethoven und die ‚Sonatensatzform’: Zur Beziehung von individueller Komposition und idealtypischer Form(el), et dans ce cadre, je dois présenter une analyse du quatrième concerto de Beethoven. Enfin, à vrai dire, je ne dois rien du tout, je vais à ce séminaire pour mon bon plaisir, car ni ma présence ni mon travail ne seront accrédités dans mon cursus universitaire. Mais voilà, on est quatre, plus la professeur, mon pote de Fribourg a pris la septième symphonie, le violoncelliste de Bern l'Eroica et le Russe l'une des sonates pour piano. Parmi la liste, il restait ce concerto qui me narguait, et Gaétan à côté qui, voyant que je louchais du côté du concerto, a commencé à me pousser, jusqu'à ce que la prof me demande si au fait je voulais moi aussi présenter une œuvre. J'ai un peu protesté (pour la forme), mais j'étais pitoyablement peu convaincante - et convaincue - et donc hop! je me suis retrouvée avec le quatrième concerto et un sourire d'une oreille à l'autre.
Donc, je vais aller analyser 'mon' concerto.
Enfin je vais peut-être d'abord aller dormir. Ou lire.



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Edit de quelques premiers-mouvements-en-boucle plus tard:
Je dois modérer un peu mes propos acérés quant au premier mouvement. Mon oreille a dû se faire à cette interprétation inhabituelle, elle est maintenant fin prête à accueillir toute la beauté de ce mouvement. La version 'romantique' n'est pas celle que j'aurais choisie, mais néanmoins il faut reconnaitre qu'elle est menée avec cohérence, et la touche de nostalgie dont elle empreint certains passages a parfois beaucoup de charme.

2 commentaires:

Klaus Heitmann a dit…

Danke für die sorgfältige Kritik über die Aufnahme des 4. Klavierkonzertes von Beethoven. Vielleicht kann ich mit einem Text ein wenig zum Verständnis des Konzertes beitragen, wenn auch wohl nicht zum engeren Thema der Seminararbeit http://heitmann.wordpress.com/2008/02/06/1806-ludwig-van-beethoven-1770-1827-klavierkonzert-nr-4-op-58/

la. a dit…

Ich glaube, das Verständnis ist schon da. Zwar nicht im Kopf, aber im Herz: ich konnte heute von dieser Aufspielung nicht mehr genug kriegen.
Danke für den Link, ich komm gleich rüber!