dimanche 27 mars 2011

L'usage du monde (Nicolas Bouvier)

Première lecture "libre" après la pile de lectures obligatoires pour mes divers cours de littérature.

L'usage du monde

Petite bibliothèque Payot, 418 pages

Quatrième de couverture:

"Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait."
Sa lente et heureuse dérive dans les années 1953-1954 entre Genève et le Khyber Pass en compagnie du peintre Thierry Vernet a inspiré ce livre d'un flâneur émerveillé à Nicolas Bouvier (1929-1998), « un voyageur d'une espèce rare, comme Segalen et Michaux » (Jacques Meunier).


Mon avis: *****

Certainement l'un des plus beaux récits de voyage jamais écrits. L'écrivain suisse Nicolas Bouvier et le peintre Thierry Vernet prennent la route en 1953 pour un voyage à travers les Balkans, la Turquie, l'Iran et l'Afghanistan. Le récit de Bouvier, enrichi des dessins incisifs de Vernet, relate ce périple à travers l'Europe et l'Asie de l'après-guerre. Avec beaucoup de finesse et de tendresse, Bouvier peint le portraits des peuples rencontrés au fil du voyage, les artistes Serbes, les Arméniens méfiants de Tabriz, Quetta et ses barbus avides de revues pornographiques, le tavernier à l'accent d'Oxford, les nuits sans sommeil, le fléau des mouches, la malaria, les pannes, les moments de grâce, l'hospitalité inquisitrice des Persans, et celle réservée des Afghans, les camions peinturlurés, les étoiles sur le plateau désert de Turquie, le froid de Tabriz, les crues, les pistes impraticables, les bruits du bazar de Kaboul, l'enchantement de l'Afghanistan, les melons, la noblesse. Un credo à l'humanité, au voyage comme chemin vers cette humanité. "Comme une eau, le monde vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce s'insuffisance centrale de l'âme (...)". Le voyage comme expérience de plénitude aussi.