samedi 4 octobre 2008

Beethoven piano concerto - Kissin / Davis / LSO - part I

Premier post d'une série de cinq articles dédiés au nouvel album paru chez EMI classics le 19.09.2008

J'avais quelques réticences à acheter ce coffret de trois CD, pas nécessairement convaincue que Evgeny Kissin et Ludwig van Beethoven s'entendraient vraiment bien.
Finalement, le souvenir du musicien russe jouant le premier concerto lors du Verbier Festival 2007, et le 'prix vert' de la fnac aidant, j'ai repoussé - encore - l'achat de pantalons et fourré la boîte bleu acier dans mon baluchon.

Klavierkonzert Nr. 1 in C-Dur
opus 15

D'emblée, lors de l'introduction, on est séduit par la riche palette sonore dont use Sir Colin Davis. Tantôt cristalline comme un sorbet au citron, tantôt veloutée comme du chocolat fondant, le London Symphony Orchestra s'amuse à étonner l'auditeur dans un jeu plein d'originalité, tout en restant très beethovénien.
Evgeny Kissin pénètre dans un univers qui lui offre la possibilité d'exploiter toutes ses ressources, ce qu'il fait avec un plaisir évident. Ses premières mesures sont comme un combat intérieur, une partie, enthousiaste, qui presse et veut avancer, que l'autre partie, plus sage, essaie de retenir, tension qu'il gardera tout au long de cet allegro con brio Il en résulte un dynamisme extraordinaire, sans qu'il y ait besoin d'avoir recours à des tempi trop rapides. Tout est parfaitement articulé, tant chez le pianiste que du côté de l'orchestre. Les deux parties ont trouvé un dialogue et un équilibre rare, néanmoins, malgré cette beauté proche de la perfection, l'interprétation, loin d'être d'une glaciale précision, reste extrêmement vivante grâce au génie d'Evgeny Kissin, qui, par ses rubati et ses accents savamment placés, sait toujours donner une touche d'inattendu et d'humanité à la pièce.
Il n'a pas peur d'être parfois un peu extrême, et, si certaines articulations peuvent être discutables, au moins les fait-il avec une telle conviction et une telle joie, que l'on peut difficilement ne pas en être charmé malgré tout.
Au premier mouvement assez têtu et d'une fougue difficilement contenue succède un mouvement lent éblouissant de lyrisme. Tout y chante (même le chef d'orchestre), et si vous étiez assez rustre pour avoir gardé les yeux secs jusqu'ici, les magnifiques échanges entre Evgeny Igorievich et la clarinette solo vous contraindront à sortir les mouchoirs.
But.
La palme d'or revient à mon sens au troisième mouvement, rondo: allegro scherzando. Un tempo très vif, des accents à tort et à travers, ce mouvement est enfin joué comme je rêvais de l'entendre depuis longtemps déjà. Pour moi, ce rondo est un Beethoven plein d'humour, enjoué, un Beethoven qui rit sous cape de voir l'aristocratie viennoise choquée par ces accents surprenants, et sans doute pour l'époque, outrageusement révolutionnaires. Un Beethoven qui se moque de tout, que Kissin a su saisir si bien que j'en ai plusieurs fois éclaté de rire. C'est léger, inattendu, spontané et si drôle!
Impossible de ne pas avoir le sourire, de ne pas gigoter sur sa chaise: le jeu est si parlant, comme autant de personnages qui évoluent sur une place de marché. On voit ce mouvement, les écoliers qui rentrent en courant de l'école et se bousculent, la poissonnière qui crie sur son mari en menaçant du doigt, les pavés que la pluie de la veille a rendu glissant... C'est un véritable théâtre auditif qui se déroule dans ce dernier mouvement!
Donnez cette interprétation à un dépressif, je le met au défi de ne pas se mettre immédiatement à sauter de joie.
Merci.
Vraiment.

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