jeudi 23 octobre 2008

Une journée d'Ivan Denissovitch (Soljenitsyne)

Auteur: Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne
Titre original: Один день Ивана Денисовича
Première parution: 1962
Traduction: Andrée et Léon Robel, Maurice Decaillot

Quatrième de couverture:
En 1962, pour qu'Une journée d'Ivan Denissovitch pût être publiée en URSS, Soljenitsyne avait dû consentir à des coupures et, par endroits, remanier le texte original. Voici la version intégrale de ce roman si profondément, si tragiquement russe et qui fait partie du patrimoine mondial de la culture. Pourquoi ce titre, Ivan Denissovitch, surgit-il le premier dans notre esprit dès que l'on nomme Soljenitsyne ? Sans doute l'écriture de ce récit atteint-elle la perfection la plus achevée, et trouve-t-on là, déjà, tous les thèmes de la pensée soljenitsynienne, pensée multiple qui s'enrichit et se ramifie sans cesse tout en restant fidèle à sa source... Mais, avant tout, ce livre, que la réflexion n'épuise jamais, va droit au cœur de tous les hommes en leur parlant de l'honneur de l'Homme.

Mon avis: *****
Lu principalement dans le métro parisien et dans le RER, ce court roman m'a accompagné dans toutes mes pérégrinations parisiennes. J'avais découvert le bouquin - un vieil exemplaire tout jauni par le temps - dans la maisonnette où nous logions, Matthieu, Dominik et moi. Il était plus pratique à porter avec soi que le gros Zauberberg et en plus, je n'avais encore jamais lu Soljenitsyne.
Le style adopté est neutre, banal, aussi asceptisé qu'un médecin qui décrit les symptomes d'un cancéreux. Et c'est ce qui donne toute sa puissance au texte. La vie au goulag est déformée jusqu'à l'absurde, il faut se limiter de penser à l'essentiel - pain et chaleur - pour avoir une chance de survivre, quand bien même personne ne s'imagine quitter un jour le camp vivant.
C'est presque une bonne journée, dit Choukhov: il a survécu, et il a même pu grappiller des extras, tant à midi que le soir.
Chokhov, il est paysan, pas bien riche (c'est un pléonasme), il a signé, il a dit qu'il reconnaissait ses crimes, parce que nier, c'eut été être fusillé immédiatement. C'est l'Etat qui sait, c'est l'Etat qui a raison.
Alors Choukhov vivote encore un peu.
On pénètre au plus profond de son être, dans celui de milliers d'autres détenus. On se méfie, on ruse, on a faim, on grelotte. Personne ne se plaint. Personne ne s'étonne.
Il n'y a pas de réponses, alors il n'y a pas d'interrogations.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La traduction était-elle bonne ?
Je trouve que certains livres de Soljenitsyne ont parfois été abominablement traduits.
J'aime beaucoup ta dernière phrase.

la. a dit…

Merci.
Pour la traduction, je t'avouerai que je ne sais pas. Je n'ai pas eu l'impression que c'était difficile à lire, mais j'étais certainement plus dans une lecture émotive qu'analytique.
Et puisque le volume est resté dans sa petite maison à Paris, je ne peux pas relire quelques pages pour mieux répondre à ta question.
Toutefois, il est évident que j'ai déjà eu dans les mains des traductions affreuses de l'Archipel Goulag, abandonné après deux pages avec la pensée ahurie que Soljenitsyne était illisible. Maintenant, je puis affirmer avec soulagement que la faute était au traducteur. Ouf!