Second post d'une série de cinq articles dédiés au nouvel album paru chez EMI classics le 19.09.2008
Klavierkonzert Nr. 2 in B-Dur
opus 19
Globalement, les remarques que j'avais formulées au sujet du premier concerto restent applicables pour ce second concerto - le jeu très engagé et convaincu du pianiste, conséquent avec ses idées. Si Evgeny Kissin a choisi une interprétation assez maniérée (parfois un peu trop à mon goût peut-être), il assume ce choix et ne tombe pas dans le piège de se la jouer mi-figue mi-raisin, mais reste pleinement dans le caractère qu'il a annoncé au début.
C'est assez difficile pour moi de rédiger une critique sur ce deuxième concerto, car il est celui que je trouve le moins intéressant des cinq, par conséquent celui que j'aime et connais le moins. Le premier a quelque chose d'entraînant, de plaisant, le troisième est si délicieusement sombre et dramatique, le quatrième est le plus beau, et le cinquième... c'est le cinquième(!).
La première chose qui me frappe, ce sont les basses du London Symphony Orchestra - je sors d'un weekend de répétition d'orchestre, cela a peut-être eu une influence sur mon écoute de ce soir - qui sont très actives, avec une extraordinaire masse sonore et une rondeur du trait exceptionnelle. Violoncelles et contrebasses portent puissamment l'orchestre dans une marche agréablement stable. Au-dessus de cette base solide, les registres aigus peuvent se mouvoir avec aisance et laisser libre cours à leur inventivité.
Comme je l'ai dit plus haut, je n'aime pas trop le jeu maniéré de Kissin, qui manque à mon goût de fraicheur dans cette pièce encore très ancrée dans le syle galant - ce concerto est en réalité le second a être publié, mais le premier que Beethoven a écrit. A la fois, il en fait trop dans l'ensemble du premier mouvement, et pas assez dans la cadenza. Il y a une montée de tension qui pourrait être réellement électrisante, mais que Evgeny Igorievich n'esquisse malheureusement qu'à peine. On comprend qu'il y a eu l'ombre d'un crescendo au moment oû le discours se relâche déjà, ce qui est bien dommage.
Par contre, je l'aime beaucoup de les deux autres mouvements.
Je n'ai pas le souvenir qu'il y ai un passage ou une pièce lente que Kissin aurait pu jouer d'une façon qui me déplaise. Il est toujours si merveilleusement calme, tout en gardant le suivi de la phrase mélodique. Ici, ses rubati viennent à point nommé, il nous fait attendre une fraction de seconde la note qu'on désire tant entendre, et c'est comme si c'était une éternité, la gorge se noue et l'espace d'un instant, on croit arrêter de vivre, suspendu entre le jour et la nuit. Et la note arrive et nous rappelle à la vie.
Cet adagio est comme une confidence, l'orchestre et le piano s'asseyent l'un tout contre l'autre et partagent le plus secret de leurs émotions dans une confiance absolu. On s'emballe, on gémit, mais surtout on chuchote, et ces mots presques inaudibles sont si absolument beaux qu'ils donnent les frissons.
Le rondo a ce même caractère espiègle et mutin que celui de l'opus 15, et Kissin s'amuse ici encore, alternant les rires en cascade et les sautillements enjoués. Les enfants appellent le vieux professeur à qui ils ont fait un mauvais tour, ils détalent en courant, se cachent derrière une haie et étouffent leurs rires. Une vraie Lausbubengeschichte. J'ignore si Davis et Kissin ont lu ce genre d'histoire dans leur enfance, mais dans tous les cas, ils sont experts dans l'art de les interpréter. Et Beethoven excelle dans celui de les mettre en musique.
Encore une belle découverte, malgré le premier mouvement maladroit.
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