Cet après-midi, le vent sur la terrasse, un café dans ma tasse 'élan' reçue par la Gandoyette à Noël, et le dernier volet de ma série Lavinie à Montpellier. Pour ce dernier article, je regrouperai les deux derniers concerts qu'il me reste à vous raconter, deux excellents moments passés avec le Quatuor Psophos d'abord, puis le Trio Dalí.
Chronologiquement, ces deux concerts étaient, avec le récital de Gabriele Carcano, dans les trois premiers auxquels j'ai assisté. Toutefois, pour faire un peu de psychologie, j'ai choisi de terminer sur un bon souvenir, puisque dans la réalité temporaire, le niveau des prestations est plutôt descendu au fur et à mesure des concerts.
Quatuor Psophos
Lisa Schatzman, violon
Bleuenn Le Maitre, violon
Franck Chevalier, alto
Eve-Marie Caravassilis, violoncelle.
Claude Debussy
Quatuor à cordes en sol mineur op. 10
Edvard Grieg
Quatuor à cordes n°1 en sol mineur, op. 27
Quatre jeunes et bons musiciens, dans un équilibre un peu cliché de leur formation: un premier violon très très active et dynamique, deuxième violon très discret. Néanmoins, Lisa Schatzman possède une belle énergie et sait conduire le quatuor avec beaucoup de conviction, dans des interprétations toutes en finesse et en intelligence.
J'avais déjà eu l'occasion d'entendre le quatuor de Debussy quelques mois auparavant, en Suisse, à Marin, concert durant lequel je m'étais par ailleurs copieusement ennuyée. L'alto de cet ensemble avait du être remplacé ad hoc pour cause d'inflammation à l'épaule, et la formation se retrouvait déséquilibrée par un membre 'externe', qui de plus, galérait un peu dans ce programme monté en une semaine seulement. Debussy ne m'avait donc pas spécialement marqué, manquant de conviction à mes yeux.
Le quatuor Psophos quant à lui, fort d'un travail d'ensemble de plusieurs années déjà, s'est montré à la fois très uni et très décidé. Avec eux, on sait où on va et pourquoi on y va. Les musiciens possèdent une bonne écoute qui leur permet l'unité parfaite jusque dans les pianissimi les plus délicats. L'équilibre entre les registres est lui aussi très satisfaisant, il n'y a jamais un instrument qui cherche à tout prix à dominer les autres (j'ai le souvenir des pizz d'un violoncelle beaucoup trop puissant à Marin). Le seul bémol est le décalage entre les violons I et II, le premier violon un peu trop présent - non pas forcément au niveau sonore, mais dans la présence scénique - et second trop transparent. Quelque fois, la verve de Lisa Schatzmann lui donnait un son un peu criard et acide. Mais voilà, ceci juste pour trouver quelque chose à redire à un concert qui était excellent, clos par un Grieg vraiment magnifique, lyrisme éclatant et saveurs cristalline nordiques. Un Grieg au pays des fées.
Trio Dalí
Vineta Sareika, violon
Christian-Pierre La Marca, violoncelle
Amandine Savary, piano
Franz Schubert
Trio pour violon, violoncelle et piano en Mi bémol Majeur D 929, op. 100
Maurice Ravel
Trio pour violon, violoncelle et piano en la mineur
Je ne vais pas vous parler de Ravel, simplement parce il a été complètement éclipsé par la performance magistrale du trio op. 100 de Schubert.
Le groupe partait déjà sur un très bon a priori de ma part: déjà, la formation violon, violoncelle et piano est pour moi la plus belle formation de musique de chambre, qui réunit tous les éléments nécessaires à un parfait équilibre: le violon et le violoncelle pour le lyrisme, le piano pour le cadre rythmique. La sagesse du violoncelle, l'insouciance juvénile du violon. Et ensuite, parce que Schubert, c'est Schubert, et que sa musique de chambre est l'une des plus belles que je connaisse, elle est vraiment conçue pour des musiciens qui font de la Hausmusik entre amis, sans prétention. Elle garde un caractère très intimiste, très simple.
Pourtant, je ne crois pas que ce préjugé certes très favorable déforme mon jugement.
Je possède un bon enregistrement de ce trio (Stern-Rose-Istomin), j'avais donc déjà entendu le top du top, il fallait donc y aller sérieusement pour m'étonner. C'est chose faite avec le Trio Dalí. Une cohésion parfaite, une amitié que l'on perçoit entre ces trois jeunes musiciens, des regards complices, une compréhension mutuelle qui va jusqu'à une certaine forme d'anticipation. Une pianiste très énergique (et un touché perlé à vous faire pâlir d'envie!), un violoncelle décidé, une violoniste - inouï! - à peine trop effacée. La grande force de cette formation sont les traits piano, dans lesquelles ils savent descendre au seuil de l'audible, tout en finesse, délicatesse et intensité. Mais les passages d'un lyrisme déjà tout à fait romantique ne sont pas pour autant à laisser de côté, passionnés et joués avec cette sonorité si pleine et si riche qui est la leur.
Dommage que ce trio de Schubert ait une fin! Leur interprétation était si éclatante que j'ai dû m'assoir sur mes mains pour ne pas applaudir à la fin du premier mouvement déjà. Et ce n'est pas là une métaphore.
Je crois que je vais m'arrêter ici, sinon vous allez croire que je suis payée pour leur faire de la pub. Mais vraiment, vraiment: le Trio Dalí, je vous conseille vivement de vous en souvenir, et s'il se présente à vous l'occasion de l'entendre, courez, mes amis, courez!
______________
Photos prises ici et ici.
Dernières notules & vidéos (décembre 2024)
Il y a 6 jours
2 commentaires:
Ahhh et quand il penchait sa tête et affichait impunément son cou tendu nu, dans une transe passionnelle avec son amante Musique ...
ouais ouais, tss!
Enregistrer un commentaire