vendredi 1 août 2008

poème d'août: Regenlied - Klaus Groth

Réveil dans une lumière ocre menaçante, l'orage gronde au loin et se rapproche. Bientôt la pluie bat mes pieds nus dans le jardin, et la grêle tambourine dans un vacarme assourdissant sur les toits.
J'aime les orages au petit matin. Allumer la lampe pour préparer le café, et mettre un peu de musique, au hasard.
Ce matin, Brahms, Violinsonate Nr.1 in G-Dur, celle qui porte le doux nom de Regenliedsonate.
Regenlied - chant de la pluie - c'est le lied que Brahms a écrit sur un poème de son compatriote d'Allemagne du Nord Klaus Groth, et dont il a repris le thème pour le troisième mouvement de sa sonate en Sol Majeur.
Regenlied, c'est la joie bienfaisante d'une pluie estivale, teintée d'une légère mélancolie.
Cette pluie rafraichissante d'un jour d'été est à Groth ce que 'ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille de Saint-Jacques' sont à Proust: la porte pour accéder à des souvenirs lointains.

Regenlied
- Klaus Groth -

Walle, Regen, walle nieder,
Wecke mir die Träume wieder,
Die ich in der Kindheit träumte,
Wenn das Naß im Sande schäumte!

Wenn die matte Sommerschwüle
Lässig stritt mit frischer Kühle,
Und die blanken Blätter tauten,
Und die Saaten dunkler blauten.

Welche Wonne, in dem Fließen
Dann zu stehn mit nackten Füßen,
An dem Grase hin zu streifen
Und den Schaum mit Händen greifen.

Oder mit den heißen Wangen
Kalte Tropfen aufzufangen,
Und den neuerwachten Düften
Seine Kinderbrust zu lüften!

Wie die Kelche, die da troffen,
Stand die Seele atmend offen,
Wie die Blumen, düftertrunken,
In dem Himmelstau versunken.

Schauernd kühlte jeder Tropfen
Tief bis an des Herzens Klopfen,
Und der Schöpfung heilig Weben
Drang bis ins verborgne Leben.

Walle, Regen, walle nieder,
Wecke meine alten Lieder,
Die wir in der Türe sangen,
Wenn die Tropfen draußen klangen!

Möchte ihnen wieder lauschen,
Ihrem süßen, feuchten Rauschen,
Meine Seele sanft betauen
Mit dem frommen Kindergrauen.

toile: Caillebotte
La Place de L'Europe, temps de pluie

3 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est une très belle musique, c'est un poème joliment mystérieux, d'autant plus que mon allemand est parfois un peu... vacillant.

Anonyme a dit…

De mieux en mieux ! Pour une fois qu'il faisait beau dehors, voilà qu'ici il se met à pleuvoir...
Brahms est beau, Brahms est grand, mais je crois que je vais aller l'écouter dans le désert de Gobi, tiens.

la. a dit…

mikado: Na, na, na!

delest: Bon, mais tu leur feras pas un déluge, hein, ils sont pas équipés pour, là-bas.