lundi 16 mars 2009

La grande ville (Nina Berberova)

Après avoir retrouvé Joseph Joffo dans les rayons de la bibliothèque, j'ai eu très envie de retrouver l'univers de Nina Berberova, univers gris et morne de ceux qui vivent en exil. Univers douloureux de la désillusion. Et cette solitude devenue maîtresse des vies. Trois nouvelles, dont voici mon compte rendu pour la première, La grande ville.


Actes Sud, 30 pages


Quatrième de couverture:
J'ai compris que chacun avait apporté dans cette grande ville ce qu'il avait: l'un, l'ombre du prince d'Elseneur, l'autre, la longue silhouette du chevalier espagnol; le troisième, le profil du séminariste de Dublin, cet immortel; la quatrième, un rêve, une idée, une mélodie. La chaleur torride d'une vallée, le souvenir d'une tombe ensevelie sous la neige; une formule mathématique, divine dans sa grandeur, ou le tintement des cordes d'une guitare... Tout cela s'est fondu dans cette ville, sur ce cap, formant cette vie à laquelle je m'apprête à participer.


Mon avis: *****
Vingt-trois pages. Et c'est tout un monde, avec ses sensations, ses senteurs, ses odeurs, ses saveurs et ses émotions qui s'ouvre, comme la mer qui apparaît subitement, au détour de la route. Nina Berberova, c'est ce don extraordinaire de nous peindre un récit en quelques coups de plume, puis de l'animer, comme Dieu qui souffle sur Adam pour lui donner la vie. Nous nous trouvons ici dans une grande ville, probablement aux USA, l'émigré débarque, il n'a presque rien, et le souvenir de cette femme sur les bords cléments de la Méditerranée. Sans doute d'inspiration autobiographique (la nouvelle a été écrite en 1952, deux ans après l'émigration de l'écrivain aux États-Unis), le texte est empreint de mélancolie, et de ce vide sidéral qui caractérise l'œuvre de beaucoup d'émigrés d'une part, et l'œuvre de Nina Berberova d'autre part. Simple, sans pleurs, sans plaintes ni soupirs superflus, Nina Berberova épure sons récit pour n'en garder que l'essence de celui-ci.

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une très bonne critique ici.

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