mercredi 19 novembre 2008

Maximes (La Rochefoucauld)

Livre de Poche, 381 pages

Quatrième de couverture:

Un moraliste? Nullement. C'est un romancier, le premier en date de nos romanciers. Tout lui vient de l'imagination, de la brusque perception qu'il a d'un sentiment humain par la capture d'un regard ou d'un mot. Chacune de ses maximes est une intrigue découverte. Au lieu de développer l'histoire, il la réduit, lui donne une articulation, l'incline selon son humeur.
Cette humeur est sombre. C'est que, dans le monde, là où il vit, on ne pénètre un peu profondément les êtres que par les défaillances et les ruptures.


Mon avis:*****
La première chose qui m'a frappée, c'est la justesse des propos de La Rochefoucauld, le caractère encore et toujours actuel de ses maximes. Des petites bribes de pensée, claires et cinglantes. Chacune est une gifle, chacune nous montre l'étendue de nos vices.
Mais le plus intéressant reste sans doute les lettres qui rapportent la réception et surtout le making-off du livre. La volonté de La Rochefoucauld de rester anonyme, de faire circuler des rumeurs, pour faire entrer le volume dans les discussions mondaines. Les lettres à son éditeur dans lesquelles il dit exactement ce qui doit être dit dans la préface - fragments trouvés en désordre pour faire croire à l'autenticité, etc. Ce livre faisait partie de la série que nous avons au programme dans le cadre d'un cours d'histoire de la littérature française du XVIe au XVIIIe s. dans la perspective du lecteur, et, ainsi, j'ai essayé de garder à l'esprit la notion du lecteur. Celui-ci est pris au sérieux, comme le montrent la correspondance entre l'auteur et quelques lecteurs et principalement lectrices qui ont lu le manuscrit. Le lecteur est l'objet d'étude, le terrain d'étude même, de La Rochefoucauld, qui trouve en lui les sujets de ses maximes. Lecteur qui tour à tour s'émerveille devant la pertinence des maximes ou s'insurge contre cet esprit tordu qui voit le mal en toute chose.
Un livre instructif, qui incite à la réflexion.

3 commentaires:

M. S-C a dit…

Tu m'émerveilles à parler toujours avec autant d'intensité, de passion ou de plaisir des livres que tu lis. Tu donnes véritablement envie de les partager avec toi en les lisant de notre côté.
Continue, je te lis toujours avec autant de joie !

Aphonsine a dit…

J'ajouterai à cela que tu le fais avec un admirable esprit de synthèse : cela donne des notes courtes, mais qui soulèvent des questions très intéressantes. Pour ma part, je n'y parviens pas, je m'étale toujours beaucoup ...
En ce qui concerne Wedekind, vu que ta note m'avait fait envie, je l'ai rajouté dans ma liste ABC suite à ta suggestion pour le moins enthousiaste : si je le trouve, promis je le lis ! ;)

la. a dit…

ultra bee: merci!

Nebelheim: oh! Je fais court parce que je suis trop paresseuse pour réfléchir à quelque chose de plus long. Quand à mon esprit de synthèse, il me pénalise dans mes oraux (trop minimaliste, dixit les professeurs)(aux écrits j'ai compris qu'il fallait radoter (=approfondir), donc ça passe mieux).
Sinon, pour Wedekind, j'avais trouvé une version traduite, j'ai mis le lien dans le commentaire à l'article sur Lulu. Je ne sais pas si tu as vu / si le livre est disponible.
J'aime bien tes notes, moi. Je t'admire de trouver autant de choses à dire!