mardi 18 novembre 2008

Les Provinciales (Pascal)

Je suis très en retard sur mes comptes-rendus de lectures. J'ai dû lire beaucoup en peu de temps, ce qui a non seulement impliqué un nombre de livres avalés par semaine plus élevé, mais aussi une diminution drastique de temps à gaspiller.
Maintenant que je suis presque au bout - j'attends encore trois ouvrages de littérature allemande, dont deux recueils de poèmes, youpi! - je retrouve un peu de temps et une pile de bouquins à critiquer. Je ne vais pas nécessairement m'étendre énormément sur lesdites lectures.


Folio classique, 388 pages

Quatrième de couverture:

Il est peu de livres qui, autant que Les Provinciales, montrent à quel point le génie de l'écriture survit à la matière confuse et périssable dont est faite l'histoire des idées. Les querelles entre jésuites et jansénistes nous paraissent d'un autre âge et on ne s'intéresse plus guère au problème de la grâce et de la prédestination (parle pour toi, eh! va!). Mais il y a dans Les Provinciales tant de talent, d'humour, d'allégresse polémique, une si rafraîchissante et moliéresque verve comique qu'elle nous rendent à nouveau contemporains de ce qui fut le grand débat intellectuel et moral du milieu du XVIIe siècle.
Comme l'écrit Michel le Guern, auteur de l'édition des Pensées parues dans cette même collection, "la lucidité avec laquelle Pascal arrive à démontrer le mécanisme de disciplines hautement techniques jointe à l'art le plus achevé de faire partager ses convictions au lecteur, fait de lui, incontestablement, le premier des grands journalistes.


Mon avis: ****
C'est drôle. vraiment. Dans les premières lettres, Pascal ...
Mais je dois situer le contexte, sans quoi je vous perdrais dès les premières lignes.
La France du XVIIe est partagée entre les Jésuites, très ouverts et les augustiniens, chrétiens sévères et rigides. Je simplifie, mais bon, comme diraient mes professeurs: vous trouvez cela dans n'importe quel manuel d'histoire. Un célèbre couvent de Paris, Port-Royal, abrite une poignée d'intellectuels qui vivent en communauté et suivent une règle très austère. L'un d'eux, un monsieur Arnauld, défend publiquement l'Augustinus de Jansenius - on est donc du côté des chrétiens stricts- que la Sorbonne, autorité théologique, avait condamné. Démuni face à l'accusation et menacé d'exclusion de la Sorbonne, Arnauld cherche à rameuter des sympathisants mondains. Ses potes de Port-Royal décident de confier la tâche au tout jeune Pascal, qui, sans faire partie de la communauté, a des relations étroites avec elle (sa soeur y demeure notamment). Et Blaise Pascal écrira ses Lettres écrites à un provincial de ses amis. Son but est de sensibiliser le grand public et de le rallier à sa cause et celle d'Antoine Arnauld. Les lettres fictives sont rédigées dans un style de gazette, assez aéré, dans un style qui se veut abordable pour ceux qui n'auraient pas réellement de connaissances sur la nature du débat. Pascal s'instaure en journaliste et s'applique à 'interviewer' jésuites et jansénistes.
Voilà pour le cadre historique.
Et je puis reprendre la phrase laissée en suspens: Dans la première lettre, l'auteur l'épître joue encore très finement avec une ironie par petites touches suggestives glissées ça et là. Il se fait passer pour un homme neutre, qui ne désire autre chose que de se forger un avis, et qui s'instruit donc auprès de chacun des deux partis. Au fil des lettres, il montre de plus en plus clairement son horreur des casuistes, ces jésuites qui laissent tout passer et trouvent des exception pour toute chose - allant jusqu'à admettre que l'on peut tuer quelqu'un pour éviter de recevoir une offense de lui (!). On le voit se faire de la publicité en évoquant au passage la société mondaine lisant ces lettres, on le voit utiliser des tournures qui se rapportent à l'oralité, et, en fait de lettres, ce sont de véritables animation radiophoniques.
Les dernières lettres font suite aux réactions et accusations apparemment violentes des pères jésuites, contre lesquelles Pascal se défend, de manière très pertinente.
Le seul bémol en ce qui me concerne, c'est que c'était un peu long, sur la fin, et qu'il y a de ce fait sans doute certaines pages sur lesquelles mes yeux ont glissé un peu vite. Mais c'est diverstissant, et, pour refermer la boucle: c'est drôle. Vraiment.

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