jeudi 4 septembre 2008

DVD Opera Review Mazeppa (Tchaikovsky)

Putilin, Aleksashkin, Loskatova, Diadkova
Kirov Opera, Chorus and Ballet, Gergiev
Philips, 1996

Je vous préviens, la note de ce jour risque d'être d'une subjectivité extrême: dès qu'il est question d'opéra russe, j'en perds totalement le nord, et si en plus il s'agit du duo Pouchkine-Tchaikovsky, dirigé par Gergiev, inutile d'espérer la moindre objectivité de ma part.
Therefore: sublime, ma bonne dame, su-bli-me!
Le livret de Mazeppa se base sur des écrits poétiques Poltava du grand Pouchkine, qui s'est lui-même inspirée de la vie du chef des cosaques (hetman) Mazeppa.
La vie romansesque de Mazeppa, un personnage historique redécouvert au XIXe, a inspiré une nombre de compositeurs, écrivains et cinéastes, tels Liszt (étude transcendante Mazeppa n°4 et poème symphonique du même nom), Byron (poème Mazeppa), Hugo (Les Orientales) et Pouchkine, ou encore les films de Illienko et Dudley.

L'opéra de Tchaikovsky, créé en 1884 au Théâtre Bolchoï à Moscou, se base donc du poème Poltava de Pouchkine. Il se construit sur 3 actes et réunit une distribution assez classique.

Qu'est-ce qui est sensationnel dans cet opéra?
Eh bien tout d'abord les chanteurs, pas très connus sous nos latitudes, mais apparemment très appréciés en Russie. Des voix russes généreuses, coulantes, lyriques et passionnées. Peut-être un peu forcée chez Larissa Diadkova, qui palie ses difficultés par un jeu très expressif.
Ensuite l'orchestre du Mariinsky, qui se livre entièrement à cette oeuvre profondément romantique. Il n'y a pas une imprécision, pas un registre qui étouffe les autres, rien. A sa tête, Gergiev et sa baguette impulsive, des gestes qui viennent du coeur et non de la tête. J'ai lu, je pense dans une critique de concert, que le chef titulaire du Mariinsky, c'était la 'force brute'. Et en effet, le petit caucasien (il est originaire d'Ossétie du Nord, je vous glisse cela en passant puisque cette région fait beaucoup parler d'elle en ce moment) dirige avec les tripes là ou d'autres font appel à leur intelligence. Et c'est cela, la force de Valery Gergiev: il laisse sa raison au vestiaire lorsqu'il dirige de la musique russe, qui plus est, de la musique Sturm und Drang. Car qu'y a-t-il de plus irrationnel et instinctif que les élans de l'âme russe - déjà très passionnée de nature - combinée avec les débordements du mouvement romantique?
Sans oublier l'union de Pouchkine avec Tchaikovsky, deux figures de proue dans l'histoire du romantisme russe, qui, on le voit déjà bien dans Eugène Onéguine, s'accordent à merveille, les mots de l'un renfoçant la musique de l'autre et vice-versa. Tchaikovsky écrit des duos d'amour renversant (Mazeppa et Maria, dans la deuxième scène du second acte) et on retrouve des accents de musique populaire et liturgique dans les choeurs , chantés avec tant de ferveur et d'intensité que cela fait frissonner (le choeur qui accompagne pa prière des condamnés, à la fin de l'acte deux). Ce sont peut-être les choeurs que j'aime le plus dans les opéras russes, et que nulle autre école ne sait rendre aussi profonds et généreux.

Bref, musicalement parlant, c'est tellement wahou! que même une mise en scène très réaliste et un jeu qui manque parfois cruellement de naturel ne peuvent rien contre elle. L'oeuvre est si sublime qu'elle capte toute notre attention, et on pourrait, somme toute, bien se passer de la mise en scène, la musique se suffit à elle-même.

(De toute façon, la langue russe étant la plus belle de toutes les langues jamais parlées, un opéra russe ne peut qu'être parfait.)

Allez, les copains, je retourne à Boulgakov, c'est trop bien! (Malheureusement j'arrive à la fin.) Et puis il faut que je travaille mon violon aussi, parce que - tu te rends compte?! - je joue la 5ème de Beethoven (oui, oui, celle qui commence par ta-ta-ta taaaaa)!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"Dans la cinquième de Beethoven, à part po po po pôôôôm au début... après, c'est du remplissage, il faut bien l'avouer." -Le Chat-