mardi 10 juin 2008

Et l'oeil était dans la tombe et regardait Caïn.

Vous avez sans doute vous aussi entendu parler de ce livre polémique de David Levy. Love + Sex With Robots - que je n'ai pas (encore?) lu - c'est imaginer qu'il est réellement possible, et même fort probable, que l'homme en arrive .
De même que nous avons fini par prendre goût aux menus surgelés fait industriellement, de même viendra le jour où nous prendrons plaisir à aimer et partager le lit avec un homme fait industriellement. D'ailleurs... A voir le succès de tous les sex-toys (aïe, avec ces mots, je vais m'attirer tous les internautes pervers de la blogosphère), il est peu vraisemblable que les hommes et les femmes aient des problèmes à se procurer du plaisir via un objet "industriel".
Pour ma part, je crains ne devoir donner raison à l'auteur, tout monstrueux que cela puisse paraître. Je suis intimement convaincue que cela arrivera, tôt ou tard, selon les avancées de la science et le changement des mentalités.
Outre le débat moraliste de savoir s'il faut ou ne faut pas, les propos de David Levy soulèvent en moi une interrogation:

Si les robots travaillent, procréent et aiment: à quoi servira l'Homme désormais?

Dans une interview publiée dans un journal fort médiocre - que je n'ai ouvert que parce qu'il y avait un article qui n'avait pas trait à l'Eurofoot (marre, marre, marre!) et dont l'image montrait une bonne bouille de Juif (j'ai un faible très certain pour la physionomie sémite, que je trouve d'une noblesse incomparable) - David Levy parlait de son livre. A la question du journaliste, qui rit que l'on puisse considérer que les robots aient une conscience, Levy rapporte qu'outre-Atlantique, des juristes s'étaient effectivement demandés si et dans quelles circonstances on avait le droit d'arrêter des robots. Il rapporte alors cette anecdote personnelle:

"Une fois, j'ai organisé un jeu au cours duquel un robot affrontait un de mes amis. Cet ami, très religieux, était persuadé qu'il allait gagner. 'Pourquoi?' lui a-t-on demandé. 'Mon rival a été programmé par des homme, a-t-il répondu, mais moi, j'ai été fait par Dieu. Or, si l'homme a été programmé par Dieu et qu'il a une conscience, pourquoi un robot programmé par un homme ne pourrait-il pas développer à son tour une conscience?"


Ce qui nous amène à ce qui me préoccupe: Dieu a créé l'homme. Cet homme, primitif, était dépendant de son Créateur. Jusque là tout va bien. Puis viens la Chute, Ève, la pomme et le serpent, et l'homme s'éloigne de plus en plus de son Programmateur. Et aujourd'hui, il a oublié son Créateur, ne l'écoute ni ne le respecte.
Et les robots, que nous allons créer à notre image comme jadis nous-même avions été créés à l'image de Dieu? Pour quelles raisons seraient-ils plus gentils que nous et ne nous infligeraient-ils pas ce que nous avons fait à Dieu?

Pour moi, lorsque les robots seront devenus indépendant - ils le seront - nous, pauvres humains mortels ridicules et arriérés, nous seront comme ce Dieu de nos ancêtre, inutiles et ennuyant.
Inutiles et ennuyant. Et nous n'aurons plus de place dans ce monde.

Je ne cherche pas à faire de la polémique, pas plus que je ne cherche à éviter le débat. Je pense sincèrement ce que je dis, bien que j'aimerais évidemment avoir une vision plus optimiste de l'avenir.
Les Aliens qui débarquent d'une lointaine planète, j'y crois aussi peu que vous. Nos Aliens, ils nous viennent façonnés de nos propres mains. Cruelle ironie.

Voilà. Cela m'intéresserait vraiment d'avoir des échos, de connaître vos avis. J'ai hésité à lancer le débat à l'université, puis je me suis ravisée: nous étions sur le point de passer un oral sur Monteverdi. Et puis mes chers collègue étudiants ne s'intéressent pas trop à mes questionnements je crois. Du moins, la dernière fois que j'avais tenté un débat, on m'avait regardé de travers...

______________
pour aller plus loin:

Interview de David Levy
Sex and marriage with robots? It could happen
critique du livre Love + Sex With Robots
article sur Aujourd'hui le Japon

12 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est une question intéressante, parce qu'elle oblige à définir l'amour. Bien sûr, les concepteurs de sexmachins finiront par leur adjoindre un corps entier, et ça se vendra bien. Orgasme garanti, sinon remboursement. Mais pour ce qui est d'un souffle chaud dans le cou, d'un simple mot qui vous emporte, de la fièvre partagée - bref toutes ces choses qui sont la vie même - je demande à voir.
C'est un beau blog que tu tiens là, je viens souvent l'écouter.

la. a dit…

mikado: Justement, ces robots auront le souffle chaud et le mot gentil. David Levy faisait remarquer que les humains aussi savent imiter un état d'âme, faire semblant de. Comme des robots.
Merci pour le compliment!

Anonyme a dit…

Aïe ! Et ça saura faire aussi les gouzi-gouzi dans le creux du bras gauche ? :-)
Plus sérieusement, j'affirme catégoriquement qu'aucun robot ne saura égaler l'admirable mauvaise foi dont savent faire preuve certains humains dans les disputes d'amoureux. (Je devrais dire "certaines humaines", hein, à chacun sa propre expérience...)

'tite Gogole a dit…

Ouais, mais l'homme n'est pas Dieu. Dieu prévoit et décide tout, l'homme fait des conneries et se laisse déborder.

'tite Gogole a dit…

(moi j'aime bien ce genre de débat, mais malheureusement, en France, on se croit obligé de rire grassement (quand il ne s'agit pas de pousser des hauts cris indignés...) dès qu'il est question de religion... et puis ils vont parler de respect alors qu'ils ne sont même pas rendus à la tolérance)

la. a dit…

Doudou: Oh, en Suisse aussi, il ne faut pas croire...

Tiens, à propos tolérance: lors d'un séminaire de Zeitgeschichte sur les années 70, on a parlé des homosexuels. Et tous les étudiants de dire "ouah c'est bien les couples homo qui se roulent un patin en public, qui se marient et qui adoptent des enfants" et "les croyants sont sans respect, méprisant et arriérés". Et j'étais apparemment la seule à trouver que l'homosexualité, c'est pas un état normal. Après, évidemment ce n'est pas à moi de juger la personne. Mais je continue de condamner la chose - ce qui ne m'empêche évidemment pas d'apprécier énormément mes amis homosexuels. Mais va expliquer cela à ces gens 'tolérant'.

Bref, tolérance, c'est de l'utopie. Et un autre débat... ;o)

A part ça, ici, c'est une zone sous législation suisse, donc tu peux y aller et dire franchement tes avis!

Anonyme a dit…

...et en fin de compte, quand on se rendra compte que les robots prennent de la puissance et que l'on ne pourra plus les contrôler, ce sera trop tard. Et ce seront eux qui nous contrôleront, qui nous utiliseront. Les rôles s'inverseront, et nous serons leurs "esclaves" (aïe, influence Matrixienne, pas bien de regarder des films pareils en philo).

Mais bon, vu que l'Homme est très très très bête mais croit ne pas l'être, il va fermer les yeux, et il va leur dire de se la fermer à tous ceux qui l'auront avertis, comme d'habituuuudeuh...

Je suis persuadée que non seulement les robots vont infliger à leurs créateurs la même chose que ce que nous, nous lui avons infligé, mais que ce sera encore pire. Non seulement car Dieu était parfait et nous avait crée à son image, et que à côté, on est des ratés (bon, on l'a bien mérité aussi...), mais en plus, une créature crée par un être imparfait sera forcément tout aussi imparfaite, et je dirais même, bien plus.

Et pour finir, désolée, je me vois très mal rouler une pelle à un robot, non mais vous imaginez le goût de ferraille dans la bouche ?

la. a dit…

Céline: Oui.
Mais ils n'auront ni le goût ni la texture de la ferraille! Est-ce que tu sens un goût de terre lorsque tu embrasse un humain?!

Anonyme a dit…

(jviens de constater que ma seconde tartine a pris la poudre d'escampette avant même d'être arrivée à destination, résultat, jvais tenter de réecrire ce que j'avais écrit)

Disons que chaque humain a sa propre odeur particulière, différente chez chacun. Qui respire la vie, la fraîcheur, en quelque sorte.

Et si tu veux aller encore plus loin, tu peux prendre le point de vue biologique. Ya je sais plus quel truc que chaque être humain a et qui est différent chez chacun, secrété par je ne sais plus quoi, qui se mélange à la sueur et qui rend la personne attirante (ou repoussante) au premier abord, car attiré ou repoussé par la même substance que nous secrétons. En gros, tu peux faire ce que tu veux, c'est plus fort que toi.
Et je doute qu'un jour on puisse créer un robot avec toutes les propriétés "cellulaires" complexes que Dieu nous a donné, nous sommes bien plus mauvais que lui, alors l'image ne peut qu'être encore plus imparfaite, et à mon avis, la différence, même minime, se fera toujours sentir.

Anonyme a dit…

Ces substances que nous sécrétons, il me semble que ce sont les phéromones (à vérifier) et que si, déjà, on sait les extraire... Il y a même des expériences en cours pour voir l'effet que ça paut avoir sur nous (s'asseoir sur une chaise vaporisée aux hormones au lieu d'une autre...) Tout cela de mémoire et sans vérification aucune, donc à prendre avec précautions...!
Ceci dit, j'aime assez à croire que l'Homme n'est pas si stupide et qu'il peut apprendre et découvrir par lui-même... Et qu'il saura prendre conscience du danger...Ou y faire face ! Incorrigible optimiste que je suis... Mais c'est possible uniquement si chacun se prend en charge et agit en son ame et conscience dans le sens qu'il pense juste...

la. a dit…

céline: Encore plus imparfaits que nous, mais capables de s'émanciper. Non? Le monde se dégrade.
(Peut-être faudrait-il que j'arrête de lire Thomas Mann et d'écouter Wagner?)

cath: Oui... je ne suis plus si confiante en l'Homme. Il n'y a qu'à voir, depuis qu'il est sur terre, il enchaîne les bêtises et semble incapable à apprendre de ses erreurs (moi la première).
Pour moi, l'Histoire est une spirale en forme d'entonnoir descendant. On refait toujours les mêmes erreurs, mais en pire. Jusqu'à quand? Je ne sais pas.

Anonyme a dit…

Lavinie: Bien sûr, ils vont s'émanciper, tôt ou tard.
Et oui, le monde se dégrade, il n'y a qu'à ouvrir la fenêtre et regarder dehors. On a pleins de nouvelles choses toutes les plus utiles (ou pas) les unes que les autres, mais il faut être aveugle pour ne pas voir la face obscure, celle que l'on se cache à nous même, par honte.
D'un côté, le monde devient beau, mais de l'autre, il se dégrade indubitablement.

Mais voilà, comme le disait si bien Brassens, quand on est con, on est con, que veux-tu...