mardi 27 janvier 2009

Les justes (Albert Camus)

Mon bureau croule sous les lettres, recueils de poésie, tasses de thé, carnets Moleskine, partitions et le elephant-sized Norton Anthology of English Literature. J'ai imprimé mon travail d'histoire sur le mouvement anti-nucléaire dans les années 1970 en Suisse - en allemand, cela donne Anti-AKW Bewegungen in den 1970er Jahre in der Schweiz - finalement, ça s'est avéré être intéressant, considéré en regard avec les neue soziale Bewegungen qui ont marqué les années '70. Mais je suis heureuse d'arriver à la fin. En plus je n'aime pas spécialement la chaire d'histoire contemporaine allemande, elle est énorme et de ce fait très impersonnelle. Ainsi, si je n'ai pas de corrections à faire dans ce travail, je vais faire relier jeudi ma dernière contribution à la discipline de l'histoire. Et je croise les doigts pour pouvoir commencer de la littérature allemande en automne - à Wien!
J'écoute Abba - oui, Abba, you heard it. Mes petits clous d'Oxford en étaient fan, ils connaissaient toutes les chansons par cœur, avec chorégraphie. En particulier le petit dernier, qui était à crever de rire lorsqu'il déboulait dans la cuisine en chantant innocemment:

Honey honey, let me feel it, ah-hah, honey honey
Honey honey, don't conceal it, ah-hah, honey honey
The way that you kiss goodnight
The way that you hold me tight
I feel like I wanna sing when you do your... thing!
Et "mes" petits clous me manquent un peu.

Jeudi, je n'irai non solum faire relier mon travail, sed etiam rapporter une partie des livres à la bibliothèque. Dont Les justes.


Folio, 150 pages


Quatrième de couverture:
Ne pleurez pas. Non, non, ne pleurez pas! Vous voyez bien que c'est le jour de la justification. Quelque chose s'élève à cette heure qui est notre témoignage à nous autres révoltés: Yanek n'est plus un meurtrier. Un bruit terrible! Il a suffit d'un bruit terrible et le voilà retourné à la joie de l'enfance.


Mon avis: *****
Ah, j'aime Camus! J'ai eu une période, en fin de lycée, où je lisais beaucoup de Camus. J'aime son portrait de l'humanité.
Une pièce très courte, mais d'autant plus intense. Il faudra l'acheter, relire, souligner, noter.
Camus nous présente des révolutionnaires malheureusement sans doute idéalisés, pourtant j'ose croire qu'il y en a eu de semblables, hors de la fiction romanesque. De ces hommes intègres, servant leurs frères avec un renoncement total à eux-même. Jusqu'où peut-on aller avant de passer la barrière et du révolutionnaire devenir un assassin? Alors que
Dora, Kaliayev et Annenkov sont modérés dans leurs opinions et placent cette barrière très bas, du moins pour des révolutionnaires dans nos "normes", celle-ci n'existe pour ainsi dire pas pour Stepan. Il irait jusqu'à forcer le peuple par la terreur d'adhérer à ses idées, à l'amener par la violence à accepter ce qui est bon pour lui.
La question de la culpabilité surgit également. Yanek a tué, il pourrait être gracie, mais refuse: il doit expier son crime, sans quoi il serait un meurtrier, non pas un révolutionnaire.
Je me sens très proche de cette vision. Un homme qui meurt, c'est toujours un homme qui meurt, qu'il soit bon ou mauvais. Et la main qui s'est levée sur lui doit être punie, quel que soit les circonstances. Faire de celui qui a tué un héros, c'est faire un meurtrier. Il faut d'abord laver le linge.
J'avais déjà présenté mes vues sur ce sujet ici.

4 commentaires:

Telemap a dit…

Bonjour,

Doit-on vraiment condamner la légitime défense ? Et que dire d'un pays qui se fait attaquer par un état voisin, n'a-t-il pas le droit de riposter ?

Néanmoins, je suis d'accord que faire d'un terroriste un héros est malsain et ne peux qu'envenimer certaines situations.

En conclusion, la question soulevée n'aura à mon sens jamais une réponse définitive et valable dans toutes les situations. Comme l'aurait dit les anciens Grecs, la solution se trouve quelque part entre les 2 extrêmes.

la. a dit…

Je sais que je suis assez extrême dans mes positions. La légitime défense - est légitime, certes. Mais le sang versé, reste un crime.

Si je me trouve face à un tyran, dont je sais qu'il se maintient au pouvoir par le fer et le sang, mon devoir est de sacrifier mon innocence en me chargeant d'un crime. Un crime qui en évitera beaucoup d'autres, mais un crime malgré tout.

Anonyme a dit…

Bonjour,

J'arrive un peu tardivement mais j'aimerai réagir à ce commentaire.
Un crime certes mais n'y a-t-il pas un autre moyen que de commettre ce dit crime ? L'enfermement, la punition autre que la mort ne serait-elle pas plus efficace et utile? Et cela permettrait de ne pas s'abaisser au niveau du tyran...

Emmanuel, lycéen

la. a dit…

Évidemment, dans l'idéal, on s'assied autour d'une table, on discute, et à la fin on est d'accord et tout le monde est content.
Seulement c'est rare qu'on y parvienne. Et puis on est pas tyran parce que l'on a tué un homme (on le serait dans ce cas aussi si on enfermait cet homme), mais par ce que l'on fera par la suite. Si le meurtrier reprend le pouvoir et continue d'oppresser le peuple, il est un tyran. S'il hôte le joug, au contraire, il sera un homme juste et droit, bien qu'ayant tué. Mais pour lui-même, il reste un assassin.