vendredi 23 janvier 2009

Lacrimosa (Régis Jauffret)

Fin décembre, j'étais sélectionnée pour participer à l'opération masse critique. Le livre qui m'a été attribué est le dernier-né de Régis Jauffret, paru chez Gallimard. Cela veut dire que je reçois le livre pour autant que je veuille bien en publier une critique, ce que je fais de toute manière pour chacune de mes lectures. Donc en gros, j'ai gagné un livre, et c'est chouette.
Je vais essayer de rédiger quelque chose de pertinent, ce qui n'est pas donné ce soir, puisque je viens d'apprendre que j'allais devoir tourner les pages à Lily Maisky (piano) lors d'un récital dans lequel elle accompagnera son papa Misha Maisky (violoncelle, fallait-il le préciser?). Beethoven, Rachmaninov, de Falla et Shostakovich, heureusement pour moi, le programme est des plus classique - il n'y aura pas de générale pour moi. Et puis je déteste tourner les pages, il y a toujours deux pages qui se collent, le pianiste furieux et/ou stressé qui tourne en arrière, et moi qui voudrais me liquéfier sur place. Bref.

Gallimard, 217 pages

Quatrième de couverture:

Vous étiez dans les bras de votre mère. Vierge à l'Enfant, Pietà, mais en guise de crucifié c'était seulement une jeune femme qui s'était pendue. Quand leurs filles meurent, les femmes en redeviennent grosses jusqu'à la fin de leur vie. Leur ventre est beaucoup plus lourd que la première fois.

Mon avis: ***
Je ne suis pas nécessairement subjuguée. Du moins pas par le style, car l'idée de départ est intéressante: un dialogue de sourd entre un écrivaillon et sa défunte maîtresse. Jauffret pose la question de la limite entre fiction et réalité, soulève le problème de la déformation de ce qui est par les yeux de celui qui voit. Charlotte n'est plus, son pauvre amour comme elle l'appelle, la décrit telle qu'il la voit, et non pas telle qu'elle est, telle qu'elle-même se voit. La problématique rejoint le sujet d'un cours de littérature russe que j'ai suivi le semestre dernier: comment la postérité voit-elle le poète? Comment est-il transmis aux générations futures? Entre Pouchkine qui avait peur qu'on le considère tout entier, jusque dans les plus viles bassesses humaines, alors qu'il aurait préféré qu'on ne garde que le poète sublime, le personnage que lui-même avait créé, et Nabokov qui n'a laissé aucun brouillon, l'on voit bien à quel point cette question occupait - et occupe toujours - les hommes. Comment parlera-t-on de moi après ma mort? est le fil rouge de ce roman.
L'idée en soi est bonne, seulement le style se veut facile et spontané, ce qui lui donne à mon sens une certaine platitude au récit. Quelques belles métaphores, mais elles sont cachées par de longues tirades ennuyeuse, qui exaspèrent le lecteur plus qu'elles ne le font rire. J'ai l'impression de me trouver face à l'une de ces corrections de dissertations, lorsque le professeur a souligné des mots en notant dans la marge répétitions et qu'il a fallu chercher tous les synonymes possibles et imaginables. C'est tiré par les cheveux et fade. Dommage, car je suis certaine que l'auteur aurait pu en faire quelque chose de bien pourtant.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu as toujours le coup de poignard aussi sûr, je vois ! Si Jauffret (c'est qui, ce type ?) visite la Suisse, achète une cotte de mailles !...

la. a dit…

Oh, j'ai lu d'autres critiques bien plus virulentes!
Jauffret a remporté notamment le Prix Femina 2005 pour son roman Asile de fous. Le jour où j'aurai un peu de temps (=pas maintenant), je le lirai, pour voir si c'est l'auteur ou juste le livre qui ne me plaît pas.

Bon, et il faut dire aussi que je viens de terminer un autre roman de la rentrée - Tellkamp, Deutscher Buchpreis 2008 - et que c'est évidemment un tout autre calibre.

Anonyme a dit…

Ces bons écrivains qui publient dans une autre langue que le français, ils exagèrent un peu.
Et même beaucoup.

la. a dit…

Oh, mais s'ils n'existaient pas, qu'est-ce qui pourrait alors nous motiver à apprendre d'autres langues?
Allez, je file m'établir une liste de vocabulaire russe pour lire Dostoïevski en VO.
(Ou pas.)

Anonyme a dit…

Et Chadrabalyn Lodoidamba, pardon,Чадравалын Лодойдамба, qui est un écrivain mongol(des hauts plateaux): Tu vas aussi faire une liste de vocabulaire ? :-)

la. a dit…

Tchdravavavatruc? Oy, jamais lu un auteur des aux plateaux mongols!
Biensûr: j'adore les listes de vocabulaire (les sushis, je ne sais pas, je n'en ai jamais mangé).