lundi 20 avril 2009

Mrs. Dalloway (Virginia Woolf)

Je remets à jour, je remets à jour.
Là.
J'avais pris das Glasperlenspiel à Paris, mais il s'est vite montré que c'était un mauvais choix:
  1. trop compliqué pour être lu par bribes de 2 pages dans le métro
  2. trop volumineux pour être trimballé dans mes pérégrinations parisiennes
Mais je sais où aller. Boulevard St-Michel, par exemple. Un saut à Gibert-Jeune, je me trouve nez à nez avec le rayon russe et celui d'anglais, j'hésite pour un recueil de poèmes de Tsvetaeva (mais je saurais juste le lire, pas le comprendre)(et puis il est énorme) et vois Mrs Dalloway. Virginia Woolf, cela faisait longtemps que je voulais la découvrir. Et ce roman précisément est le préféré de ma correspondante Nina, celui qui apparaît dans The Hours, mon livre de bac anglais. Parfait. En plus il est mince, léger et 2€. Finalement, je me suis fait avoir, c'est un anglais moins simple que celui d'Auster ou Wilde, donc j'ai un peu galéré dans le métro, pour comprendre quelque chose entre deux cahots, trois Espagnols tapageurs et les coups d'oeil rapide sur les stations pour ne pas louper la sortie. Ainsi, lorsque je suis arrivée chez moi, j'ai repris le roman depuis le début, après avoir - enfin! - regardé le film The Hours.
Le troisième des quatre enfants que je garde régulièrement m'a croisé dans le village, mon livre vert pomme à la main. Du haut de ses deux ans, il a le plaisir de découvrir, et aussi de découvrir qu'il sait: Pingouin, là, pingouin annone-t-il en montrant du doigt les deux pingouins du logo.


Penguin Books, 224 pages


Quatrième de couverture:


It is a Wednesday in mid-June 1923 and Mrs Dalloway is to have a party. As she spends the day in preparation, worrying about the evening's success, she looks back over her life at the choices that have led her here. Then an unexpected visitor calls...


Mon avis:*****
Non, je ne vais toujours pas vous faire la blague de rédiger mes notes sur les livres de littérature anglaise en anglais. Non.
De tous les livres anglais lus jusqu'ici - ils sont au nombre intersidéralment élevé de trois - celui-ci était sans hésiter le plus difficile à lire. La langue semble être utilisée avec beaucoup plus de subtilité que Cunnigham, Auster ou même Wilde. Mais pour le coup, la belle Virginia Woolf est aussi celle qui m'a le plus appris à ce niveau là. Ce n'est pas l'anglais que l'on baragouine à l'école, c'est l'anglais de mon ami diplomate: élevé, raffiné, avec un charme quelque peu désuet.
Quand à l'histoire, il s'agit de la vie d'une femme dans une journée. La vie entière d'une femme dans une seule journée. Évidemment, j'ai adoré: Woolf qui se prend le temps de raconter une journée sur plus de 200 pages, je trouve ça génial. Mais ce n'est pas que la vie de Clarissa-said-she-would-buy-the-flowers-herself. C'est celle d'un ami revenu subitement des Indes, celle d'un poète malade que cet ami a croisé à Regents Park dont le médecin se rendra à la fête qu'organise Mrs. Dalloway... C'est comme un fil jeté sur une carte de personnages et que l'on a fixé sur certains d'entre eux avec une épingle, comme des arrêts le long d'une ligne de bus. ce fil qui est parfois aussi suggéré tel quel dans le récit, par la voiture pétaradante qui sillonne les rues matinales de Londres, l'avion publicitaire qui trace des toffee dans le ciel immobile de juin, les sirènes de l'ambulance qui relie le poète à l'ami retrouvé.
Et c'est certainement aussi une troublante autobiographie, autobiographie dans laquelle Virginia Woolf trace déjà son destin. C'est le poète qui doit mourir. Et ainsi, elle mourra, jeune encore, et tellement belle.

6 commentaires:

silavon a dit…

ce que vous dites sur sa langue est très intéressant.

Je lisais hier chez Kathleen Raine, dans la très belle préface à ses poèmes : " c'est cette langue qui détermine non seulement ce que nous pouvons dire, mais aussi penser et ressentir. Je doute fort que l'anglais tel qu'on le parle et l'enseigne aujourd'hui en Angleterre puisse désormais être l'instrument d'une grande poésie - trop d'influence néfastes ont corrompu la langue."...
N'est-ce pas quelque chose de cela que vous avez remarqué (à travers vos seulement quatre livres) et que vous dites très... diplomatiquement...

(Nous sommes tous les jardiniers (gardeners, gardiens...) de notre langue...)

la. a dit…

Merci pour la citation; elle met peut-être des mots sur un sentiment encore confus. Je dis peut-être, car je connais trop mal la littérature anglaise contemporaine pour en juger actuellement.
Toutefois, je pense à Frost, qui écrit dans un anglais si simple - vraiment - sans que cela ne l'empêche d'être un grand poète. Un peu comme Prévert: une simplicité vraie et belle.

DLM a dit…

J'attends avec impatience tes commentaires de Pilinszky et Mehmet Yashin, ou bien tes gloses de l'Edda. :-)

la. a dit…

Omenapiirakka.La communication ne passe pas très bien, ô mon général.

(DLM, ça sonne un peu comme LSD...)

DLM a dit…

Oui, comme tu dis, ce serait pas de la tarte.

(L'avantage du DLM étant qu'il n'a des effets dévastateurs que si on écoute ses conseils ruineux. En revanche, pour le consommer, contrairement à d'autres substances, nul besoin de bourse délier.)

la. a dit…

De la tarte aux pommes.

Free DLM @ CSS, youpi! youpi!