vendredi 4 juillet 2008

Das Alpenhorn von Riedo (Jospeh Zurkinden)

Une toute petite pièce simplissime qui dure à peine plus d'une minute. Et tant mieux, parce que ce Cor des Alpes pue vraiment la musique populaire suisse. Vous savez, ces petits hommes barbus qui chantent des Yodloyooooooooo dans Astérix chez les Helvètes et dont les voix lui font regretter celle d'Assurancetourix(!).
Cette année, en plus il y a cette Jodlerfest à Lucerne, et les organisateurs de ce calvaire n'ont rien trouvé de mieux à faire que de surmédiatiser l''évènement du siècle'. Allumez la radio, et paf! on vous balance de la youtz en pleine tête. Heureusement, Espace 2 résiste encore et toujours à l'envahisseur et continue de nous proposer Dvorak pour nous remettre de nos frayeurs jodleriennes.
[Et ma mère qui ose affirmer que le Jodel est aussi de la musique. Certes. Pour moi c'est un bruit analogue aux sirènes des pompiers et en plus une automutilation des cordes vocales (ça les fiche en l'air, et vous restez avec une affreuse Blechstimme). ]

Bref, revenons à notre 'ami' Joseph Zurkinden.
Notre homme est un organiste fribourgeois, qui exerce son art à Guin, commune dans laquelle il transmet aussi son savoir à de nombreux étudiants. Je ne peux malheureusement pas vous dire plus sur le personnage, il est inconnu sur internet, et l'idée de faire deux heures de trajets rien que pour consulter des livres à la bibliothèque de Fribourg ne m'enchante guère...

Venons-en donc à l'œuvre proprement dite. J'ai trouvé à la médiathèque de Fribourg un enregistrement de l'organiste titulaire des orgues de la cathédrale St-Nicolas à Fribourg (et accessoirement aussi mon professeur de tablatures, d'harmonie et de contrepoint à l'université), François Seydoux. Il a lui-même rédigé le texte qui figure sur la pochette du CD et déclare à propos de l'Alpenhorn von Riedo :

Une composition naïve, due probablement à l'organiste de Guin joseph Zurkinden (1925-1889), illustre la vie champêtre de l'époque. Cette composition est sans doute conçue comme un hommage à un joueur de cor des Alpes du nom de Riedo et à l'une de ses mélodies préférées. Zurkinden tenait à Guin une sorte d'école d'orgue (Organistenschule) grâce à laquelle, pour la somme d'un franc par jour, il sut transmettre son savoir pratiquement à tous les organistes de la partie alémanique du canton [de Fribourg]. Zurkinden lui-même fut élève de Jaques Vogt à Fribourg et avait été proposé par celui-ci comme possible successeur à St-Nicolas.
(François Seydoux, pochette du CD)


On reconnait dès l'abord le caractère très suisse de l'oeuvre, tant dans les intervalles de la mélodie que dans l'harmonisation, cette 'Hornharmonie', qui doit s'accommoder de ce que les cors naturels ne peuvent pas jouer toutes les notes (en simplifiant à l'extrême). On notera la grande présence de tierces et sixtes, tant dans la mélodie que dans l'écart des voix. Et bien sur les passages qui imitent le Jodel, que l'on retrouve aussi dans le Guillaume Tell de Rossini, et qui alternent comme une sorte de refrain, avec différents couplets.
Je ne suis pas spécialiste de musique populaire suisse - et ne compte pas le devenir un jour, merci bien! - mais il se peut fort bien que cet air qu'affectionnait le corniste Riedo soit une chanson populaire, d'où justement cette forme A-B-A-B-etc. dans laquelle les intervenants chantent des couplets avec paroles, à plusieurs voix, tandis que le refrain, jodlé, est à l'unisson.

Ce n'est pas mon style de musique, mais cela m'aura permis de découvrir un compositeur suisse et d'entendre enfin mon professeur jouer L'Orage de Vogt (sur le même CD), sa grande spécialité, pièce que l'on ne peut, si j'ai bien compris, jouer uniquement sur les orgues de St-Nicolas, et qui en faisait l'attraction musicale de la ville. Cette grande pièce pastorale se termine avec un choral bien connu dans nos temples protestants... Que vient faire ce choral dans la très catholique Fribourg?!
Monsieur Seydoux avait joué cette œuvre lors du cours d'Aufführungspraxis de l'année passée, et les étudiants avaient des yeux ronds comme des soucoupes et la bouche bée d'admiration. Et ce Seydoux-qui-joue-l'orage avait été le sujet de discussion n°1 des apprentis musicologues pendant plus d'une semaine.
S'il refait ça, je serai la première à me presser au portillon!

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Héhé

Concernant le Jodlerfest de Lucerne, ma soeur (et son club), son copain (en club et en solo) et tous ses z'amis y étaient, pour participer aux différents concours, et si tu rajoutes à cela mon père (dans un club aussi), je te décris l'ambiance à la maison :D

Je crois que je vais squatter les CDs à ma soeur, pour le camp. Ah, c'est pas une bonne idée ? tant pis ^^

Anonyme a dit…

Je connais un fabricant de fromages, dans la vallée de Munster,qui utilisait le Jodel pour faire cailler plus vite le lait de ses vaches. Mais l'une d'entre elles lui a intenté un procès pour maltraitance envers animaux.
Maintenant il utilise la musique de Céline Dion, c'est efficace aussi mais ça donne au fromage un petit goût de vomi.

Anonyme a dit…

Le premier qui a chanté le Jutz, c'est parce qu'il s'était coincé l'auriculaire dans une porte, ou parce qu'on lui avait glissé un piment rouge dans le...
Bon, restons poli.

Anonyme a dit…

>mikado. C'est bien pour éviter ta deuxième hypothèse que les vrais chanteurs de yodloyotrohitou s'asseyent toujours sur un tcheumlet, et se cramponnent à lui.
Et ne me dis pas que tu ignores ce que c'est qu'un tcheumlet, traître.

la. a dit…

céline: Bon, si tu veux te faire hâcher menu comme de la chair à pâté...

delest: Les méthodes anthropologiques peuvent parfois être très drôle, surtout que ceux qui les appliquent y croient dur comme fer. Je me souviens avoir lu une manière particulière de traire les vaches pendant la pleine lune, que ça donnait un lait meilleur... (Soit.)

mikado: je ne suis pas très ami-ami avec les Jodler, mais tout de même, benimm' dich!

delest: mikado doit savoir, on en a parlé il y a peu!