Juillet se termine déjà presque alors que je n'ai toujours rien dit à propos de la toile choisie pour ce mois des grandes vacances.
Le Juif en vert, 1914, huile sur carton, 100,5 x 81,5 cm, Kunstmuseum Basel.
Autant le dire d'emblée: j'ignore tout de cette œuvre, et je n'ai nullement l'intention de pondre une tartine d'historien de l'art (que je ne suis pas).
Non.
Je connais très mal la peinture, j'ai tout juste un minimum de culture très superficielle de l'art pictural. Rien qui puisse vous intéresser.
Pour dire tout de même deux mots sur Chagall, un peintre qui a sa place parmi mes préférés, il est Juif d'origine russe, émigre en France et s'occupe beaucoup de ses origines sémites dans un monde chrétien. Il est très religieux, du courant hassidique (accent non plus sur l'étude du Talmud mais sur la manifestation joyeuse de la foi), et cette profonde spiritualité se retrouve dans nombre de ses oeuvres, comme par exemple ce Juif en vert.
Le Kunstmuseum Basel propose une courte étude de l'oeuvre, je ne vais donc pas m'étendre sur le sujet.
Ce qui m'intéresse dans ce portrait, c'est la main, plus précisément la main blanche du personnage. Cette main m'a fasciné au premier regard dans la salle du Kunstmuseum. Une main qui raconte à elle seule toute une histoire.
Regardez le vieux Rabbi, sale, ridé, graisseux, malodorant, sénile peut-être. Quant à sa barbe, mieux vaut ne pas regarder de trop près, ce doit être un véritable biotope pour toutes sortes de bestioles ragoûtantes. Un vagabond tout au plus, et même un des moins présentables.
Mais voyez maintenant sa main. Blancheur immaculée, finesse des articulations, noblesse de la forme: une main d'aristocrate, une main d'intellectuel. Un vieillard pauvre, marqué par une longue vie faites de privations et d'illusions perdues, au crépuscule de sa pénible existence, entre l'éveil et le sommeil, dans une sorte de méditation hébétée, mais un vieillard noble, instruit, rejeton déchu de la bonne bourgeoisie, peut-être victime de quelque pogrom, à moins qu'il n'ai volontairement pris le bâton du pèlerin pour une humble vie de prière et de méditation.
Un grand homme dissimulé sous des hardes de moujik crasseux, sa main blanche et magnifique comme un témoin de nature élevée.
Quand j'ai vu cette main, ma première pensée a été: c'est la main de Chopin! pâle, nerveuse, maladive et délicate. Une main de pianiste, sous laquelle naissent des miracles.
lundi 21 juillet 2008
l'image du mois: Der Jude in Grün - Marc Chagall
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10 commentaires:
Il est vraiment tout vert, le monsieur. Il était déjà comme ça quand tu l'as invité sur ton blogue - ou c'est parce qu'il vient de lire mes différents commentaires ?
>Delest. Tu n'y comprends rien. Tout le monde connaît le goût de Chagall pour la poèsie chantée.
Il a ici représenté un Vert mis en moujik.
delest: Ah mais voilà l'explication de sa mauvaise mine! Tu devrais en faire part au restaurateur du Kunstmuseum. Et t'excuser pour le teint cireux du vieux Juif.
mikado: Apparemment Chagall a gardé sa vie durant un charmant accent russe.
>Lavinie : ce n'est pas la bonne réponse. La bonne réponse est : "Oh, cher Monsieur Delest, comment pouvez vous dire une chose pareille...!" A partir de là, touiller, délayer.
C'est à des petites attentions comme ça qu'on reconnait les vrais "old-fashioned"...
>Mikado. On dirait qu'il fait vraiment très chaud, par chez toi....
delest: écoute, baby, ici, c'est moi qui fais la loi, alors écrase.
*à dire façon Bourvil dans le Corniaud*
Cent fois mieux qu'une critique d'historienne de l'art ! En quelques mots nous voilà à notre tour fascinés - une indication d'entrée dans l'oeuvre à portée de main. Puis il est vrai que cette main blanche dénote avec le reste du personnage, pas même assortie à son teint cireux. Un aperçu de l'invisible de ce personnage ? Le visage me semble presque un masque. C'est du moins l'impression que j'ai eu jusqu'à comprendre que le gris duquel se détache le "masque" est moins la peau que la visière de la casquette.
Je ne connaissais pas la toile, mais j'aimerais bien la voir en vrai à présent.
Blogueuse de mon cœur... Voilà ce qui s'appelle faire du charme à ses commentateurs !
khâriatide: (une (hypo)khâgneuse, d'après l'orthographe?) merci, merci! Il faut aller à Bâle! Il y a plein de musées et la ville est belle et agréable.
delest: j'ai un don inné pour cela, comme tu as pu le constater par toi-même...
Eh oui, une khâgneuse... bientôt khûbe de surcroît ^^
khâryatide: Ahlàlà, ce n'est pas sérieux, tout ça!
Bonne chance en tout cas. Et le plus de plaisir possible.
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