Le soleil danse avec les nuages, et je suis en retard dans mes critiques. Brendel joue Haydn, la bouilloire chante sur le feu et je livre ma critique de ce livre que l'on m'a offert en échange de mon compte-rendu.
Albin Michel, 276 pages
Quatrième de couverture:
Le Talmud, objet de toutes les méprises, est depuis deux mille ans au cœur de la vie juive traditionnelle. Livre unique, il a subi, à l'image de son peuple, les errances, les persécutions, les métamorphoses. Pierre-Henry Salfati, lui-même talmudiste, nous fait découvrir à travers tous les continents et toutes les époques comment le Talmud a généré communautés et individus incroyables, aux histoires surprenantes et uniques : les génies qui connaissent chaque centimètre carré de ses milliers de pages par cœur, les employés de Manhattan qui l'étudient chaque matin clans le train, les hassidim messianiques de Jérusalem, les collectionneurs fous... Parmi cette galerie fantastique, le livre est lui-même un personnage à part entière. On découvre ainsi des histoires de faux traités, d'autodafés, de cimetières livresques, de controverses avec le Ciel, d'imprimeries babéliennes, ou encore de divorce royal - celui d'Henri VIII en l'occurrence... De New York à Jérusalem en passant par Paris. Venise ou Worms, Pierre-Henry Salfati nous initie avec bonheur à un monde peu connu, peuplé de figures exubérantes et de mystères historiques. Une vraie belle histoire juive, en somme, dans tous les sens du terme.
Mon avis: ***
L'ouvrage en question, comme appendice au documentaire Le Talmud de Salfati propose une histoire du judaïsme conduit par un fil rouge: le Talmud. Histoire bien sûr des plus sommaires - 4000 ans d'histoire en 170 pages! - mais très agréable à lire. Salfati procède comme un journaliste, voyageant entre Les Etats-Unis, Israël, l'Italie et l'Allemagne, passant de l'ère des téléphones portables aux bûchers de l'inquisition, et s'arrêtant un instant à la cour d'Henri VIII, "interviewant" les autochtones dont il livre les anecdotes.
Pour la goy que je suis, les références aux fêtes, aux courants religieux et à leurs initiateurs de rabbis ne sont pas toujours aisées à comprendre, se pose donc la question de savoir si le livre de Slafati est destiné aux Juifs ou aux non-Juifs. Et, bémol considérable pour moi, les attaques gratuites et pleines de mépris pour l'Eglise - catholique et réformée - que je trouve déplacées. Safati pose son peuple comme la Victime incessamment martyrisée et pointe du doigt sur les bourreaux, allant jusqu'à dire que les thèses d'Hitler, en somme, avaient déjà été énoncées par Luther (impliquant l'accusation monstrueuse que tous les chrétiens protestants sont en quelque sorte des nazis). Quitte à relancer le débat, je m'insurge contre ce droit que prennent les gens de se déclarer victimes. Dans la question de la Shoah, au point où l'on en est aujourd'hui, je crois fermement que personne n'a le droit de juger si untel est coupable, c'est un jugement qui incombe à la personne concernée, et à elle seule. Et inversement, qui peut s'auto proclamer victime? Ce n'est pas à nous-même de le décider, mais aux autres de le reconnaître. C'est la la clé pour se libérer du traumatisme de la Shoah et s'en émanciper.
Après la lecture de Salfati, que me reste-t-il à faire, moi, doublement coupable d'être Allemande et protestante?