samedi 21 février 2009

Maisky père et fille au Temple du Bas

Une critique de concert que je rédige enfin, après avoir longuement hésité si j'étais bien placée pour faire cela, étant donné que j'étais tourneuse de page, et qu'il me manquait par là le minimum de recul nécessaire pour pleinement apprécier le récital. Je suis quelque de naturellement très nerveux dès qu'il s'agit de l'association musique + public. Séparément, ni l'un ni l'autre ne me tétanise, mais ensemble, c'est l'enfer.
Finalement, j'ai décidé que j'allais écrire une critique un peu spéciale, compte tenu des circonstances.
Je ne veux pas revenir sur mon travail lamentable, il m'a fallu toute une moitié de concert avant de comprendre la pianiste et de pouvoir tourner au moment où elle le souhaitait, et non pas lorsqu'il me semblait vaguement qu'il fallait le faire. Je suis encore très fâchée contre moi-même, et je m'en veux de ne pas avoir contribué à apaiser la jeune musicienne - très nerveuse, ce que le public n'a certainement pas vu, mais moi si.
Il m'est difficile de relater la première partie de ce récital donné par le grand Misha Maisky (violoncelle) et la sans doute bientôt non moins grande Lily Maisky, le 25 janvier dernier, à Neuchâtel, en raison de mon trac et de ma peur de tourner au mauvais moment, de tourner deux pages par inadvertance, de faire tomber la partition...
Dans la seconde partie, nettement plus détendue, autant elle que moi, j'ai pu trouver du plaisir au concert, notamment dans la sonate en ré mineur op. 40 de Chostakovitch. Dans cette pièce que Lily Maisky jouait pratiquement par coeur, je tournais les pages simplement en arrivant en bas, sans qu'elle ne se préoccupe autrement de ce que je faisais, et j'ai donc pu écouter l'oeuvre presque comme si j'avais été assise dans le public.
Je ne veux pas parler de l'interprétation, ni de Misha Maisky - on le connait maintenant assez bien, ce n'est plus un petit nouveau de la scène musicale. Non. J'aimerais partager mon admiration pour sa fille, Lily Maisky, née la même année que moi. On sait à quel point son père déborde d'énérgie et de charisme. On aurait pu craindre un certain déséquilibre entre ce virtuose qui, par son engagement a tendance à se profiler comme un leader, sans doute malgré lui, et sa fille encore si jeune, et qui, au premier regard semble si fragile. Que nenni! Le papa Maisky n'a pas besoin de se faire petit pour laisser une place à sa fille, elle se la prend toute seule, sa "petite" fille. Et comment! J'en suis encore hébétée! Elle est certaine de ce qu'elle veut, et elle tient très bien sa place face à son père. Loin de la fille protégée et chouchoutée par son père que l'on pourrait se faire. Elle ne donnait du moins pas avoir l'impression d'avoir besoin de son père pour percer.
Bref: Lily Maisky, un nom que je vous conseille de retenir, parce qu'il me semble qu'on va l'entendre encore souvent - at least I hope so.

mardi 10 février 2009

DVD Opera Review: A Village Romeo and Juliet (Delius) - part II

Field, Davies, Hampson
ORF Symphonieorchester, Arnold-Schönberg-Chor, Mackerras
Decca 1989

Aujourd'hui, ma critique de cet opéra.
J'aime assez, bien que certains détails ne semblent pas forcément jouer. Comme le décors, assurément pas suisse du tout, du moins en ce qui concerne l'architecture. On se trouve face à ce que j'avais pensé être éventuellement des Isbas, puis, après avoir compris que le village s'appelait Seldwyla, j'ai décidé que cela sonnait assez polonais, et que nous devions en l'occurrence nous trouver dans la région montagneuse des Carpates, au sud du pays. Puis j'ai lu sur la pochette que Delius avait adapté son livret du recueil de Gottfried Keller, un compatriote à moi, et se déroulait en Suisse. Soit. Je m'incline, bien que je n'aie encore jamais croisé des maisons de ce type en Suisse (et que Seldwyla sonne encore et toujours exotique à mes oreilles. Seldwyl ou Seldwyler aurait été plus helvétique). Deuxième détail, à la fin, avant que les amants Sali et Vreli ne se suicident, on voit une péniche tirée par un bateau à moteur. Au XIXe siècle, mais bien sûr!
Mais les tableaux sont beaux, de ce côté là, rien à redire.
La musique est très, très lyrique, un peu à la Puccini, ce qui contraste curieusement avec la jeunesse des amants et leur donne un côté grave qui surprend. Du moins qui me surprend moi, parce que Juliette-Vreli, je la conçois généralement gaie, enjouée, comme dans la pièce de Prokofiev qui porte son nom.
Sir Charles Mackerras dirige un orchestre aux sonorités généreuses, et un choeur d'un niveau remarquable, malheureusement peu sollicité par cet opéra. Quant aux chanteurs, ils affichent, à tout le moins en ce qui concerne Helen Fields et Arthur Davies, une belle aisance dans leurs registres. Ce sont des voix relativement claires et fraîches, qui conviennent bien aux caractères qu'elles incarnent, mais peut-être moins au caractère de la musique.
Un opéra agréable, et bien interprété, mais qui ne rejoindra pas mes préférés malgré tout.

lundi 9 février 2009

DVD Opera Review: A Village Romeo and Juliet (Delius) - part I

Field, Davies, Hampson ORF Symphonieorchester, Arnold-Schönberg-Chor, Mackerras Decca 1989

Vous connaissez Delius? Moi pas. Et comme j'ai décidé que si moi je ne connaissais pas, vous non plus, vous aurez droit à une brève présentation de Fred'.
Fritz Theodor Albert Delius (1862-1934) était un compositeur anglais d'origine allemande. Il grandit dans une famille bourgeoise cultivée et apprend le piano et le violon, avant de se former auprès de son père, dans les affaires. Très vite dégoûté, il convainc son père de le laisser planter des oranges en Floride (!). Une fois aux Etats-Unis, il achète un piano et suit des leçons auprès de l'organiste Thomas Ward. Il assimilera également les chansons des travailleurs africains. En 1886, Monsieur papa ayant donné son accord pour des études musicales, Fritz revient en Europe et prend pendant deux ans des cours au conservatoire de Leipzig. Il s'installe ensuite à Paris, où il commencera véritablement sa carrière de compositeur. Aux chansons et petites pièces instrumentales et orchestrale succèdent les opéras: Irmelin (1892), The Magic Fountain (1895) et Koanga (1897). Il compose également quelques pièces orchestrales avec voix solo. Sa musique ne sera que très rarement jouée et rencontrera un accueil plutôt mitigé.
En 1903, il épouse la peintre Helene dite Jelka Rosen et donnera à son prénom la forme anglaise de Frederick.
C'est en 1901 que le compositeur écrira A Village Romeo and Juliet, inspirée du roman de Gottfried Keller Romeo und julia auf dem Dorfe tirée de Die Leute von Seldwyla. Il écrit lui-même le livret en anglais.
Jelka et Frederick Delius vivront jusqu'à leur mort respective (1934 pour lui, 1935 pour elle) dans leur propriété près de Fontainebleau.
Delius tirera son inspiration de la littérature scandinave, française et allemande, et également des traditions des noirs américains et des Indiens d'Amérique du Nord.

(La suite demain, je commence à loucher, là.)

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image tirée de wikipédia: Delius, par Jelka Delius
informations biographiques trouvées ici.

lundi 2 février 2009

The Importance Of Being Earnest (Oscar Wilde)

Il a encore neigé - youpi! youpi! youhouhou! Un temps parfait pour folâtrer dans la neige avec les chiens, boire un chocolat chaud elephant-size et lire des tas de choses (finir enfin Comte-Sponville gnan-gnan, notamment).
En attendant, j'ai terminé janvier sur la dernière page de Wilde, mon premier Wilde.

Norton, 41 pages


Extrait:

JACK: How can you sit there, calmly eating muffins when we are in this horrid trouble, I can't make it out. You seem to me to be perfectly heartless.

ALGERNOON: Well, I can't est muffins in an agitated manner. The butter would probably get on my cuffs. One should always eat muffins quite calmly. It is the only way to eat them.

(....)

GWENDOLEN: The fact that they did not follow us at once into the house, as anyone else would have done, seems to me to show that they have some sense of shame left.

CECILY: They have been eating muffins. That looks like repentance.


Mon avis: *****

Une délicieuse comédie en trois actes, drôle à souhait. Wilde caricature jusqu'à l'extrême ridicule la upper class de Londres à la fin du XIXe siècle. Jeux de mots, nonsense, ironie, situations emberlicotées, tout se réuni dans cette courte pièce pétillante au goût prononcé d'humour anglais.
Une lecture très agréable aussi par le fait que n'ayant jamais lu Wilde auparavant, je n'ai jamais vraiment pu deviner la fin, la chute, et donc j'étais captivée jusqu'à la dernière ligne, pliée de rire bien souvent.
Cela m'a ouvert l'appétit pour d'autres oeuvres du même écrivain.