dimanche 27 avril 2008

Giulio Cesare in Egitto

Mercredi soir, la gare de Lausanne fourmille de monde. Les apprentis musicologues m'attendent devant l'entrée, m'a dit Camille. Qui me rappelle peut après on ne doit pas être devant la même entrée. En effet. Je m'attendais à voir la masse de musicologues, tout l'institut. Il sont moins de 10...



Pour cause de rénovations de l'opéra, le spectacle aura lieu à la salle Métropole - une architecture d'après-guerre que je déteste. Devant le hall, notre groupe grossi à vue d'oeil, François qui ramène une troupe de jeunes filles, Bruno qui passe à côté de nous sans nous voir. D'autres aussi. Nos places sont tout au fond. Au parterre et au balcon.
Je me retrouve en-bas derrière, avec Sandro. Je remarque que les surtitres seront cachés par l'avancée du balcon. Notre petit Appenzellois (je sais, je viens de faire un pléonasme*)me résume rapidement l'intrigue, malheureusement pour moi assez complexe. Il y a Pompoée, sa femme Cornélia, leur fils, César, Ptolémée, et Cléopâtre. Il y a Ulysse aussi, que Sandro oublie d'énumérer, ce qui aura comme conséquence qu'il y a tout à coup deux rois d'Egypte, et que purée, c'est quoi ce binz?!?!

Je ne vais pas faire une critique détaillée, consultez les liens si vous avec envie d'en savoir plus.

Avec Giulio Cesare in Egitto, opéra de Georg Friedrich Handel, l'Opéra de Lausanne signe l'une de ses plus remarquables productions. Une rumeur - non vérifiée - stipule que la Scala, ayant le projet de monter Giulio Cesare, aurait reporté l'évènement de deux ans, après avoir vu la distribution du Giulio du l'Opéra de Lausanne. Distribution brillante s'il en est: le très grand Andreas Scholl (countertenor) dans le rôle de Cesare, la lyrique Elena de la Merced (soprano) dans la peau de Cleopatra, la tragique Charlotte Hellekant (mezzo) dans Cornelia.
La mise en scène de Emilio Sagi joue sur les contrastes noir et blanc, respectivement les Romains et les Egyptiens. Un noir et blanc qui se décline du bleu nuit et or au pourpre et orange, un vrai festin pour les yeux. J'ai surtout été subjuguée par les apparitions de Cléopâtre, tout en voilages de tulle blanc, avec ses dames de cour, et qui créait avec ses traînes transparentes des tableaux d'une beauté à couper le souffle.
Un plaisir pour les yeux, mais aussi - et avant tout - un plaisir pour les oreilles: la salle, assez petite, du Métropole convient très bien à ce genre d'opéra baroque, avec un orchestre réduit. La balance entre l'orchestre et les voix était excellente, vraiment. Et la qualité des chanteurs, la pureté du timbre et la virtuosité de chant était d'un niveau que je n'ai eu que rarement l'occasion d'entendre jusqu'à présent. Et puis évidemment la qualité de la musique de Handel, qui permet un opéra aussi long sans que le spectateur ne sente le temps passer.
Un moment particulièrement intense était l'air de Cléopâtre Se pietà. Tout était là pour que la scène devienne kitsch au possible: Cléopâtre, prostrée, prisonnière, la nuit, les étoiles qui scintillent et la musique. Et pourtant. Heureusement qu'il faisait noir au fond de la salle...

Vraiment, c'est long, mais qu'est-ce que c'est beau!

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Critiques:
Le Temps
Res Musica
Opera today
Opera Tattler
Chronique Dare-dare (Espace2) (audio)

Vidéo:
Se in fioritto (Andreas Scholl)
Elena de la Merced (Puccini)
Dans les coulisses de l'opéra avec Andreas Scholl
Se pietà


*Petite blague pas drôle, pour les pas Suisses (les autres devraient la connaître):
comment fait un Appenzellois pour se suicider?

Il se jette en bas du trottoir.

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