mardi 7 juillet 2009

Vie et destin (Vassili Grossman)

Cela fait bientôt un mois que j'ai terminé ce roman, avec regret d'ailleurs, parce que j'ai réalisé que j'étais Victor Pavlovitch Strum. Je resterai encore dans la littérature russe, avec Turgeniev et son Father and Sons, déniché dans une libraire pour £2,99 - j'aime Londres. Mais ce n'est qu'une lecture de métro, à la maison, je savoure le grand livre du musicologue Alex Ross The Rest Is Noise. Un très bon ouvrage, j'en parlerai - pas tout de suite, il y a beaucoup de pages, et je n'ai pas beaucoup de temps à consacrer à la lecture en ce moment (je vis mes deux dernières semaines dans la capitale des extrêmes).

Livre de poche, 1172 pages


Quatrième de couverture:
Dans ce roman-fresque, composé dans les années 1950, à la façon de Guerre et paix, Vassili Grossman (1905-1964) fait revivre l'URSS en guerre à travers le destin d'une famille, dont les membres nous amènent tour à tour dans Stalingrad assiégée, dans les laboratoires de recherche scientifique, dans la vie ordinaire du peuple russe, et jusqu'à Treblinka sur les pas de l'Armée rouge. Au-delà de ces destins souvent tragiques, il s'interroge sur la terrifiante convergence des systèmes nazi et communiste alors même qu'ils s'affrontent sans merci. Radicalement iconoclaste en son temps - le manuscrit fut confisqué par le KGB, tandis qu'une copie parvenait clandestinement en Occident -, ce livre pose sur l'histoire du XXe siècle une question que philosophes et historiens n'ont cessé d'explorer depuis lors. Il le fait sous la forme d'une grande œuvre littéraire, imprégnée de vie et d'humanité, qui transcende le documentaire et la polémique pour atteindre à une vision puissante, métaphysique, de la lutte éternelle du bien contre le mal.

Mon avis: *****
Vie et destin continue en quelque sorte la lignée des grands chefs-d'oeuvre russes, de par l'ampleur du roman - plus de mille pages - l'attention, la fixation même pourrait-on dire portée sur la psychologie des personnages, telle qu'on la trouve chez Dostoïevski, et la réflexion philosophique sur l'histoire qui n'est pas sans rappeler Guerre et Paix.
Le regard que Grossman porte sur le système politique de son pays, l'URSS, est lucide et sans pitié, ni pour lui, ni pour les autres. En effet, s'il est usuel aujourd'hui de faire des liens entre stalinisme et nazisme, ce n'était pas encore le cas dans les années 50, lorsque Vassili Grossman a écrit l'œuvre de sa vie, révélant une pensée nouvelle, révolutionnaire sur la nature de la dictature de Staline, en véritable pionnier. Grossman nous fait vivre Stalingrad tour à tour dans la peau d'un communiste pur et dur, une mère de famille en deuil, un général Juif, un bolchevik déchu, un physicien juif brillant et lâche, un blessé allemand, et Paulus. Pour ceux qui ont lu le prix Goncourt 2007, Les Bienveillantes présentent des similitudes avec Vie et Destin, sans toutefois bénéficier du regard multiple de Grossman.
A lire.

2 commentaires:

Gabriel a dit…

Je viens d'entamer. Il était sur ma liste, plus exactement dans ma pile, il manquait l'évènement déclencheur (la critique de Mary Poppins Haala). Faut dire que c'est un pavé... Le volume édité à l'âge d'homme fait dans les huit cents pages. Je n'en suis qu'à la page 77: «Aimons la vérité mais préférons l'amour». Coïncidence amusante, dans cette édition, la première mention de la maison 6 bis intervient à la page... 66.

Je ne suis pas d'accord avec cette phrase: «Rien n'est plus dur que le sort du mal-aimé qui n'est pas de son temps».

la. a dit…

Il faut voir le contexte :)