mardi 20 juillet 2010

VFCO, Tákacs-Nagy, Argerich, Guerrier et Gringolts, de Haydn à Shchedrin

Ce blog est décidément dans un état léthargique. Pourtant ma vie en ce moment est loin de l'être, puisque j'ai enfin réussi à me glisser dans le staff du Festival de Verbier, et que je suis donc débordée de concerts à écouter. Par exemple: faut-il aller écouter Berlioz , l'ouverture Le Corsaire, Le concerto pour violon et orchestre n°2 de Bartók et Don Quichotte de Strauss (Dutoit, Kavakos, Bashmet et Maisky) ou Lugansky, avec Chopin et le 2ème sonate de Rachmaninov? Est-ce que je pourrais écouter Berlioz et Bartók, et courir à l'autre concert pour entendre Rachmaninov?

Mais parlons un peu de ce que j'ai vu. Rien de moins que la grande Martha, et je suis encore presque stupéfaite d'avoir réussi à l'entendre en live, accompagnée du Verbier Festival Chamber Orchestra et de l'excellent (et beau!) trompettiste David Guerrier, sous la direction du chef hongrois Gábor Tákacs-Nagy, avec qui la pianiste avait déjà collaboré lors du Verbier Festival 2009, pour le concerto pour piano N°2 de Beethoven. A voir, le succès fou de ce concert les a poussé à renouveler l'expérience. J'en suis ravie: le concerto pour piano et trompette n°1 de Shostakovich était brillant de technique, vivacité et finesse. Martha Argerich ne montre pas beaucoup ses émotions, en revanche elle les canalise dans ses doigts qui volent avec une agilité surprenante, et une puissance par moment presque animale. Argerich est cette femme qui semble jouer tout avec amusement, détachement, comme si la partition était un jeu avec l'orchestre et le chef, elle a cette approche riante également pour ce concerto, ce qui colle bien avec la musique de Shostakovich, riante à l'excès, virant dans des rythme durs et obstinés de révolte lorsque le rire n'est plus possible, passages joués avec une intensité qui donne les frissons. Mais ne parlons pas que de Martha - le trompettiste surprend lui aussi avec une palette de son très large et un son d'une douceur qui n'est pas sans rappeler celle du cor, il saute du son brillant typique à son instrument à quelque chose de beaucoup plus voilé et intime, une précision d'attaque et la capacité de se marier avec la sonorité du piano, chose difficile de part les caractéristiques très différentes de ces instruments.

Quant à Gábor Tákacs-Nagy, il est comme toujours souriant, vif, rebondissant, avec beaucoup d'intensité dans le regard, il est quelqu'un qui, comme Bernstein, dirige avant tout avec le visage.


La symphonie en Ut Majeur N°97 de Haydn souffre malheureusement quelque peu de l'orage qui avait décidé de lancer ses grêlons sur la tente à ce moment précis. (merci.), mais on peut deviner que les passages doux était aussi bien jouer que les grands traits, quelques fautes de démarrages dans le premier mouvement, mais dès le second, le Verbier Festival Chamber Orchestra (re)trouve son unité et joue avec une énergie que Tákacs-Nagy doit parfois un peu tempérer.

En seconde partie, le concerto parlando pour violon et trompette et orchestre à cordes de Rodion Shchedrin, compositeur que j'apprécie beaucoup (j'avais ce soir-là une carte à son nom, à côté de lui (vive la coloc qui distribue les tickets aux VIP!)(qui bien souvent ne viennent pas). Concerto dans lequel Shchedrin joue avec des sonorités inattendues issues de l'union entre la trompette (toujours Guerrier) et le violon (Ilya Gringolts). Je retiendrai un très beau passage dans lequel l'orchestre et le violon se fondent et ressortent à tour de rôle - et le sourire du compositeur.

En finale, la première symphonie de Bizet, entendue ce printemps à Vienne, avec un orchestre très connu (Gewandhaus Leipzig? je ne me souviens plus). Le dernier mouvement, sorte de tarentelle, brouhaha que le chef d'orchestre à Vienne tentait vainement d'organiser un peu était joué ici avec une précision époustouflante. Lorsque l'on pense que cet orchestre du Festival de Verbier joue presque chaque soir un programme différent, on peut les applaudir très fort et huer l'orchestre de ce printemps, qui faisait une tournée avec cette symphonie sans se prendre la peine de la travailler vraiment.

Premier concert à Verbier, j'en redemande!

2 commentaires:

Stéphanie a dit…

Salut Lavinie,

Heureusement que tu es la pour me tenir au courant de ce qu'il se passe la-haut, c'est toujours un plaisir de te lire!

Stephanie

la. a dit…

Et oui... c'est dur de garder à jour, avec les annulation de Grimaud ET Villazón, suivie de celle de Bell, on a eu un peu pas trop le temps de bailler au corneilles. Maintenant, ça va, dernier concert (mais c'est trop triste, c'est presque fini).