François Truffaut & Jean-Pierre Léaud dans Les Deux Anglaises et le Continent, 1971 |
S'il y a une chose que j'apprécie tout particulièrement dans les vacances de Noël, c'est le fait de retrouver les piles de DVDs chez mes parents. Souvent je me fais une liste de films que j'aimerais revoir, de réalisateurs que je voudrais mieux connaître et une fois de retour, je pioche dans ce qui me fait envie. Cette année, j'ai laissé l'énorme coffret de Bergman de côté pour me tourner vers le cinéma français. Pour les soirs avec ma voisine c'était Sacha Guitry, parfois un Fernandel, pour les après-midi pluvieuses la Nouvelle Vague. Sur ma liste il y avait A bout de souffle à regarder absolument et Bonjour tristesse. Je voulais aussi du Truffaut, parce qu'il y a cette chanson de Vincent Delerm où Jean-Pierre Léaud répète face au miroir Antoine Doinel! Antoine Doinel! Antoine Doinel! qui m'a donné envie de regarder à nouveau ce cycle de Truffaut. Mais hier soir, comme je n'arrivais pas à me décider quel film de la saga je voulais regarder, j'ai opté pour Truffaut-Léaud sans Doinel: Les deux Anglais et le Continent.
C'est un film superbe, je crois que les deux soeurs Brown incarnent à elles deux toutes les femmes à la fois, c'est hallucinant de beauté et d'intensité. Et puis il y a Jean-Pierre Léaud qui m'exaspère parce que je trouve qu'il joue mal. Comme toujours. On dirait qu'il récite un texte appris par-coeur et qu'il effectue docilement les gestes et les intonations qu'on lui demande de faire. On sait par avance quel geste il fera parce qu'on peut le voir se dire intérieurement "là je devrai être surpris". Comme un enfant. De l'appris par-coeur, pas de ressenti.
Et puis il y a Jean-Pierre Léaud qui incarne ce garçon maladroit qui ne sait pas ce qu'il attend de lui-même et des autres, qui joue à merveille cet homme un peu paumé, intelligent mais gauche, qui a besoin que les femmes qu'il croyait dominer lui montrent ce qu'il veut et qui il est.
Je ne sais pas quoi penser de lui, c'est toujours pareil, la première moitié du film il m'exaspère et la seconde moitié il m'émeut.