Auteur: Mikhaïl Boulgakov
Titre original: Мастер и Маргарита
Première parution: 1966
Traduction: Claude Ligny
Quatrième de couverture:
Écrit sous la terreur par un homme malade et désespéré, Le Maître et Marguerite a mis vingt-cinq ans pour s'imposer comme l'un des chefs-d'œuvre de la littérature russe et devenir un livre culte dont la construction diabolique n'a pas fini d'enchanter les lecteurs.
Comment définir le mythe? Les personnages de ce roman fantastique sont le diable, un écrivain suicidaire, un chat géant, Jésus et Ponce Pilate, la plus belle femme du monde... On y trouve des meurtres atroces et des crucifixions. C'est une satire acerbe, une comédie burlesque, une parodie politique, un poème philosophique dévastateur avec des fantômes et des transformations magiques.
Mais cette fantasmagorie baroque, ce film noir, cette vision d'apocalypse est aussi l'une des plus belles histoires d'amour jamais écrites.
Mon avis:*****
Je viens de tourner la dernière page à l'instant et en suis encore toute remuée.
Ce livre a tout pour me plaire: il se passe à Moscou, dans les années torturées d'un stalinisme sanglant, utilise force de symboles et références (notamment au romantisme allemand, au Faust de Goethe tout particulièrement, puisqu'il en est une sorte de réécriture actualisée), et enfin pose des questions d'ordre philosophique et métaphysique.
Vous finirez sans doute par me prendre pour une imbécile heureuse, puisque presque toutes mes lectures ne m'ont arraché que des oh! et des ah! de béate admiration, mais qu'y faire? Force m'est de vous présenter un nouveau chef-d'oeuvre, qui plus est un nouveau coup de coeur. Je vous parlais de Kundera et Dostoievsky 'avec des étoiles dans les yeux' (selon l'expression de Doudou), Boulgakov fait table rase et s'installe en maître absolu. Ou du moins se taille une place parmi eux, repoussant un peu Milan Kundera au passage.
Je ne vais pas vous servir de résumé, j'ai horreur de connaître l'intrigue avant de lire l'oeuvre - sauf peut-être pour les opéras, mais là c'est plus parce que s'il n'y a pas de sous-titres, ça devient chaud time pour comprendre qui est qui, qui fait quoi, et pourquoi (cf. la représentation de Giulio Cesare en avril). Toutefois, je vous mets en garde contre le quatrième de couverture, qui, à mon humble avis, n'incite pas nécessairement le lecteur potentiel à ouvrir le livre. En lisant ces lignes, j'ai reposé illico le bouquin dans l'étagère, m'attendant à trouver une sorte de Harry Potter bolchévique, et il se trouve que Harry Potter et moi ne sommes pas très amis. Les histoires de magiciens et sorciers, ce n'est définitivement pas ma tasse de thé. La faute peut-être à l'éducation littéraire un peu décalée que j'ai reçue?
Rassurez-vous donc: Le Maître et Marguerite n'est pas une histoire de ce genre, bien qu'il y ait bien sûr beaucoup d'éléments surnaturels. Le Maître et Marguerite, c'est tout d'abord la thèse de l'existence du mal comme preuve de l'existence du bien, une histoire d'amour sublime et passionnée sans tomber dans les clichés niais, une critique acide et très fine du vernis brillant dont le stalinisme recouvre da rouille et la moisissure.
Dans ce roman, il n'y a pas de place pour le pathos larmoyant, Boulgakov sait trouver d'autres moyens pour rendre son récit poignant et accrocher le lecteur qui passera de l'horreur au céleste et de la tristesse à la joie en éprouvant intensément chacun de ces affects.
Il faut lire absolument ce monument littéraire, l'Oeuvre de Boulgakov, celle dans laquelle il se projette dans sa vie d'écrivain torturé. Et je conseillerais la lecture préalable du Faust de Goethe (ce que je n'ai pas pu faire moi-même, puisqu'une fois que j'avais lu les premières pages, il m'a été impossible de mettre le livre de côté).
Merci, merci à ceux qui m'ont conseillé ce livre.
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Ils ont lut et commenté:
Katell, Ezrine, Papillon
4 commentaires:
Oui, c'est un livre magique. Cette chevauchée dans les airs, qui conclut le récit, est un rêve cristallin, rejetant à jamais la sordide existence derrière la montagne.
Puis leur paradis... les cerisiers en fleur, écrire à la lueur de la chandelle, dans une maison perdue dans l'idéal pastoral allemand, le petit pont moussu au-dessus de la rivière...
*soupir*
Ah, ce type s'appelait Mikhaïl Afanassievitch Boulgakov. Il fallait commencer à prononcer son nom à l'aube pour être sûr d'avoir terminé à vêpres. Il est vrai qu'il a dit un jour : "Celui qui prend son temps n'en manque jamais", ce qui est vraiment une phrase très chouette. A part ça, Béhémoth devrait devenir la mascotte de toutes les compagnies de tram du monde, car il paie sa place.
Ça viendra peut-être dans 100 000 ans, dans un monde parfait.
Mais les tramways sont interdits aux chats!
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