Phil Ford, musicologue et auteur d'un blog que j'aimais à lire, jette l'éponge. Avec un constat de notre discipline - du moins de ma discipline - pas très optimiste, mais malheureusement pas très faux non plus.
Il met le doigt là où ça fait mal, chez chaque musicologue, et aussi déjà chez chaque étudiant en musicologie. A quoi on sert, pourquoi notre discipline. Ce ne sont pas nécessairement des questions faciles à résoudre. Mais lorsqu'en plus les autres disciplines nous regardent avec un haussement d'épaule - vous qui ne faites qu'écouter de la musique pendant vos cours - nous demandent après avoir entendu que nous étudions musicologie: oui, mais en vrai, tu fais quoi?, ou nous reprochent ne servir à rien (parce qu'un étudiant en français ou en histoire, ça sert à quelque chose peut-être?)...
Entrer en musicologie et y rester, il faut beaucoup de foi en sa branche, tenir bon malgré les remises en questions perpétuelles, faire face au mépris des autres.
When a blog post becomes just another occasion to contemplate one's failure, at a certain point it just becomes easier to say "screw it" and not write anything at all. Which brings me to the part I promised in the first sentence of this post, where I said I'd talk about your failures as well. And by "you" I mean the discipline of musicology, or more generally music scholarship. (There's enough fail to go around: music theory and ethnomusicology can each take a forkful.) I started this blog thinking that the strange absence of music-scholarly blogs was a temporary condition, and that musicologists, once they had learned about academic blogging by example and could see what could be done in the medium, would start writing their own blogs and a hundred musicoloblogospheric flowers would bloom. Well, that didn't happen. Look at the academic blog wiki list of music-scholarly blogs. Now look at the one for history. Or linguistics and philosophy. Or even Classics and Ancient Languages, for Chrissake. We're getting our asses kicked by Latin.
J'aimerais un cours pour tous les nouveaux étudiants en musicologie, dans lequel on exposerait et discuterait les champs d'investigation de la musicologie et les débouchés professionnels. Et surtout où l'on parlerait du rôle de la musicologie dans les sciences humaines. Aider les apprentis musicologues à croire en leur discipline, pour qu'ils soient moins démunis face au dédain de leur entourage. Parce que je crois qu'il y a vraiment de quoi en décourager plus d'un étudiant, lorsqu'on s'entend dire par un camarade, après avoir passé la journée à analyser une partition, que oui, mais bon, toi, c'est pour ton plaisir. Parce qu'analyser un roman, c'est un travail sérieux, tandis qu'analyser une symphonie, c'est juste un hobby.
5 commentaires:
Un peu amère, Lavinie ? Tu fais ce que tu aimes, tu suis ta bonne étoile. Ce n'est jamais facile - rester fidèle à son rêve. Bravo à toi pour cela, la musique te paie déjà beaucoup, et si j'en crois ton engagement obstiné à travers ce blogue, elle te paiera un jour bien davantage encore.
A mon humble petit avis de pauvre lycéenne qui ne sait pas grand chose de la musique, je doute très fortement que c'est plus facile - et plus utile- de savoir analyser un bouquin.
Si, en plus, entre pauvres lettreux, on commence à s'entre-massacrer, on ne va plus avancer (parce que oui, les études, ça sert à rien dit-on, car sans intellectuels, on peut vivre, mais pas sans manuels).
En outre, je doute que ce soit beaucoup plus utile de se spécialiser sur l'utilité de la 3ème patte gauche de la mouche du Bengale (faut que j'arrête de prendre les exemples de mon prof de philo), dont on s'en fiche royalement (déjà de un, elle ne vit pas dans nos contrées), que de savoir comment est construit un morceau, pourquoi, dans quel but, ce qu'il veut dire, etc etc (bref, de l'analyser, quoi), composé par quelqu'un qui ne vivait pas si loin que la mouche du Bengale (ou peut-être que si, mais qui, finalement, nous a atteint quand même).
Bref, j'arrête avec mes parenthèses, je ne m'y retrouve plus.
Tout ça pour dire, que la musicologie est une branche tout aussi utile - et intéressante - qu'une autre, si ce n'est plus, car elle touche à quelque chose parfaitement humain, que bien des gens ont voulu oublier, ou qu'ils ont tout bonnement tenté de cacher, par peur, ou pour d'autres raisons.
(je tourne en rond, là)
Et sinon, autant leur dire que eux, ils n'ont rien compris (ah, parce qu'il y a des débouchés de s'intéresser à la patte gauche de la mouche du Bengale ? c'est une passion comme collectionner des timbres, non ?)
delest: En ce qui me concerne, la musique régit ma vie, il m'est donc impossible de vivre sans elle. J'ai dû abandonner une carrière de musicienne à cause de mon stress de jouer en public, je ne vais pas me laisser prendre la musicologie. Musicologue je serai, et convaincue, que cette discipline ait un sens, joue un rôle, gagne le respect des autres, ou pas. Ce n'est pas tellement pour moi personnellement que je m'inquiète, mais bien pour l'avenir de la branche.
A Fribourg, nous avons un pavillon. Une seule salle, trop petite, dans laquelle la moitié des étudiants doivent se contenter d'une chaise et prendre leurs notes pliés en deux, sur leurs genoux. Pas de chauffage, une bibliothèque mais pas de bibliothécaire...
céline: l'un vaut l'autre. Sinon peut.être qu'en musicologie, il est possible d'écrire plus de milles articles sur le seul accord de Tristan, alors qu'en littérature, je ne connais pas de phrase qui ai généré autant de réflexions.
L'étude de texte, tout le monde en a fait, au lycée ou ailleurs. On sait à quoi cela consiste, on s'est peut-être ramassé des mauvaises notes... L'analyse musicale, personne ne sait. C'est un langage étrange, on croit qu'il ne signifie rien, alors on s'étonne qu'il y ait des gens qui étudient-le-sens-d'un-truc-qui-veut-rien-dire. Et puis musique rime avec passion. musicologie, on met dans le même pot.
Combien de fois, lessivée après une journée de 5 heures de piano, j'ai dû entendre que je faisais cela pour mon plaisir? Sous-entendant que tout ce qui touche à la musique est plaisir et non pas travail? Les heures de Hanon, gammes et arpèges... que du plaisir!
Dans ce cas, on peut dire "qui n'aime pas ne connait pas", aussi simplement que cela.
Pour certains, le langage musical ne signifie rien. Il suffit d'aller avec une équation mathématique ou chimique vers une autre personne, et elle te dira la même chose, à la différence près, que ce sont des sciences exactes, donc qu'il n'y a pas 35 significations différentes.
Peut-on donc réduire un langage à milles facettes à de l'amusement ? j'en doute (qui ne connait pas n'aime pas). Je n'y connais strictement rien en musique (à part lire les notes d'un morceau et le jouer), mais en tant que vague musicienne, les arpèges, cela peut être de l'amusement, mais pas trop longtemps. Cela reste en fin de compte du travail, tout comme faire des dérivées ne sert qu'à développer notre cerveau (et notre logique, et ceci, et cela), cela est et reste de la technique (je ne parle pas d'un niveau d'études supérieures, où cela sert à autre chose).
En fin de compte, oui, tu fais de la musique et tu étudies la musicologie pour le plaisir, tout comme un scientifique fait des recherches dans un domaine qui lui plait (si ce n'est pas le cas, tant pis pour lui).
On peut en déduire que tu as la chance de faire quelque chose qui te plait, tout en travaillant. Les sciences, les lettres, le droit,... tout se vaut, il suffit de s'y intéresser un minimum (ceci n'empêche pas de préférer une chose ou l'autre, soit dit en passant).
Donc, oui, c'est du plaisir, tout comme étudier une chose x ou y en est une autre, exactement au même niveau (qui n'aime pas ne connait pas (et n'a peut-être même pas envie de connaître, car ce serait dommage de ne plus pouvoir critiquer, imagine...))
Tu soulève des points importants, je pense. En effet, on connait généralement très mal en quoi consistent des études de musicologie. Personne ne viendra te demander ce que tu fais exactement dans tes études de droit, de biologie, ou d'histoire de l'art. En musicologie, si, tous les jours.
Je crois aussi qu'il y a de la jalousie. Dans quasi toutes les branches, il y a ces gens qui sont là, personne ne sait vraiment pourquoi, eux en dernier. En musico, parce que c'est mal connu, on est des happy few, une petite poignée, certes, mais que des passionnés. On menace de faire la révolution lorsqu'un cours tombe, on parle de musico pendant les pauses, on a nos propres blagues, à peine rentrés qu'on écoute déjà tous les morceaux auxquels il a été fait allusion pendant les cours. Bref, nous aimons ce que nous faisons, réellement. Et cela, forcément, crée des jalousies.
Parce que bien souvent, on croit que ce qui fait plaisir n'est pas sérieux. Le sérieux c'est grave, sombre, austère et fastidieux.
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