vendredi 12 décembre 2008

Baude Cordier, Belle, bonne, sage: un rondeau au XVe siècle - II

[premier volet]

Biographie du compositeur

Baude Cordier voit le jour au début du XVe siècle à Reims. Il existe cependant une hypothèse stipulant que Cordier n’est qu’un nom d’emprunt, et que son vrai nom serait Baude Fresnel, organiste et harpiste – d’où Cordier – à la cour de Philippe II de Bourgogne. Cette hypothèse est toutefois à considérer avec beaucoup de réserves, puisque Baude Fresnel a vécu au XIVe siècle, soit un siècle plus tôt que Baude Cordier, dont l’écriture musicale complexe est assez typique des années post 1400 , en particulier son utilisation de la notation maniérée.
Baude Cordier fut avant tout un compositeur de rondeaux, qui forment la quasi-totalité de son œuvre, avec une ballade et un Gloria. Son style couvre autant l’écriture très simple, comme Ce jour de l’an que maint, que des rondeaux très complexes comme Amans aimés secrètement. Voyons maintenant d’un peu plus près ce qu’est un rondeau, tel que l’utilisait Cordier.



Le rondeau

Le terme de rondeau désigne à la fois un style de danse, de chanson et de poésie. Initialement appelé ronde, rondet ou rondel, le rondeau domine la poésie et la chanson au XIVe et XVe siècles, de pair avec le virelai et la ballade. Le premier rondeau qui nous est connu, Guillaume de Dôle, écrit par Jean Renart, date de 122 et se présente déjà sous sa forme définitive, qui ne changera pratiquement plus par la suite, contrairement au virelai et à la ballade, deux formes qui, elles, n’acquerront leur forme définitive que plus tard, à savoir dans les … siècles, après avoir subit différents changements.
Au niveau poétique, le rondeau comporte en général sept à huit vers construits sur deux rimes et traitant de l’amour, de ses peines et de ses joies.
Au niveau musical, le rondeau fait partie du genre mondain du divertissement, il comporte un souci d’esthétique qui favorise une recherche de sonorités et une certaine richesse rythmique.
Parmi les compositeurs de rondeau les plus connus, citons Guillaume de Machaut et Guillaume Dufay.
A noter que le rondeau n’est pas à confondre avec le rondo, bien que sa forme en soit dérivée, mais qui n’apparaîtra que quelques siècles plus tard. Le rondo est une pièce instrumentale, souvent le dernier mouvement virtuose d’une sonate ou d’un concerto, sorte de ritournelle dont l’idée de refrain musical est reprise du rondeau, mais dont la forme diffère. Le rondo présente une structure A-B-C-B-A alors que le rondeau se caractérise par sa forme A-B-A-A-A-B-A-B, que nous traiterons plus en détail dans le chapitre consacré à l’analyse de l’œuvre.

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