vendredi 15 août 2008

{Montpellier} Soirées Ciccolini et Foster. Et l'orchestre national de Montpellier.

Pour ne pas traîner ce volet consacré au Festival Radio France de Montpellier jusqu'à la Noël, voici l'avant-dernière (l'antépénultième, comme disait, fort justement, mon professeur de mathématiques du collège) notule à ce sujet.

Orchestre national de Montpellier
Languedoc-Roussillon

DIRECTION
Lawrence Foster

Aldo Ciccolini, piano

MOZART
Stanislav Vitart, ténor

SALIERI
Konstantin Gorny, basse

Wolfgang Amadeus Mozart
Concerto pour piano et orchestre n°23 en La Majeur KV 488
Concerto pour piano et orchestre n°20 en ré mineur KV 466

Nikolaï Rimski-Korsakov
Mozart et Salieri, scène dramatique pour ténor, basse et orchestre
Livret de Alexandre Pouchkine

Après avoir entendu le magnifique Impromtpu en la bémol mineur (une belle version de João Pires ici)de Schubert que Ciccolini avait donné, en bis je crois, lors de son récital au Festival, l'été passé, je misais gros sur cet habitué du Corum. Bien mal m'en a pris, car si on peut sans autre attendre d'un Brendel ou d'un Kissin qu'ils vous décrochent la lune, Ciccolini ne peut (plus?) prétendre à cela.
Certains l'ont très vertement critiqué à l'issue du concert, rappelant qu'il n'était qu'un petit pianiste, inconnu des grandes scènes. Peut-être. Mais cela ne l'a pas empêché de faire de très beaux enregistrements, notamment de Satie et Ravel. A mon humble avis, cette critique virulente ne doit pas s'appliquer à l'art en général d'Aldo Ciccolini, mais plus à cette seule performance de ce samedi 26 juillet. Ciccolini se fait vieux, il a passé le cap des 80 ans il y a deux ans déjà, et si la dextérité suit encore plus ou moins, sa mémoire commence à lui faire défaut. S'ensuit un jeu très superficiel, dû à l'effort sans doute considérable qu'il a dû fournir pour s'éviter le blanc total. Certains traits joués main droite seule, la main gauche ne sachant où se placer, et toujours ce contrôle intellectuel qui l'empêche de laisser la musique s'échapper de ses doigts.
Le seul moment d'illumination aura été un passage dans le célèbre adagio du concerto n°23. Dommage.
Comme l'a dit très justement un ami, Ciccolini a eu droit à une standing ovation car il est la grande effigie du Festival de Montpellier. S'il avait été un jeune pianiste, il aurait été sifflé.
Un point qui n'aura certes pas aidé le pianiste est l'orchestre national de Montpellier. Bien que possédant quelques belles personnalités, on ne fait pas un bon orchestre avec trois musiciens aussi excellents soient-ils, et cet ensemble en est malheureusement un bon exemple. Canards répétés dans les vents, problèmes d'intonation dans les cordes et surtout un manque de précision rythmique assez phénoménal. Chacun joue son trait au petit bonheur de la chance, si cela tombe sur le départ donné par le chef, tant mieux, sinon, tant pis. Pas d'unité, pas d'implication, pas de coordination. Il faut en rire, pour ne pas devoir en pleurer.
L'orchestre se dandine mollement entre les différents caractères du concerto n°23, que la baguette autoritaire d'abord, puis de plus en plus suppliante ne parvient guère à réveiller. Dans le troisième mouvement, Ciccolini tente désespérément d'imposer un tempo plus vif, soutenu par un Lawrence Foster totalement impuissant face à cette masse amorphe.
La scène s'est répétée pour le concerto n°20, mon préféré. Moi qui, après la version beethovenienne de Kissin, étais curieuse de voir comment Ciccolini aborderait ces pages dramatiques (je me doutais bien qu'il n'aurait pas l'approche Sturm und Drang de Kissin et Kremerata Baltica), j'ai été servie: le credo semblait être on essaie de partir tous ensemble et d'arriver plus ou moins en même temps à la fin. Et pas trop d'émotion, sinon on risque de se perdre en route.
C'est triste.

Au beau milieu du programme trônait la mise en musique du drame de Pouchkine Mozart et Salieri. Pièce qui a le malheur d'être chantée en russe, langue qui est, comme chacun le sait, la plus belle jamais parlée. J'étais donc littéralement scotchée aux lèvres des deux chanteurs, pour m'imprégner de ces sons et tenter de reconnaître le plus de mots possible. Plus concentrée en somme sur la musique de Pouchkine que sur celle de Rimski-Korsakov. Je sais, c'est mal, très mal. Et impardonnable pour une étudiante de musicologie. Vous avez toutes mes plus plates excuses.
De ce que j'ai entendu de la musique, il y a beaucoup de pastiches d'œuvres de Mozart qui s'insèrent pour refléter les propos des chanteurs, par exemple quelques mesures du Requiem alors qu'entre Mozart et Salieri, il est justement question du Requiem (qui se dit pareil en russe, comme c'est bien!).
Au niveau des chanteurs, je me souviens avoir bien aimé la basse profonde et chaleureuse de Konstantin Gorny, alors que j'avais plus de réserve pour le ténor un peu étranglé de Stanislav Vitart.
Une chose est sûre pourtant, la pièce de Pouchkine m'a paru, du peu que j'en ai compris, très intéressante, et a de ce fait rejoint ma liste de livres à lire.

6 commentaires:

'tite Gogole a dit…

« Je sais, c'est mal, très mal. Et impardonnable pour une étudiante de musicologie. Vous avez toutes mes plus plates excuses. »

Je fais exactement l'inverse, parfois... pour une étudiante en lettres >_<'

la. a dit…

Ah mais tu as bien raison: la musique prime sur la parole!

'tite Gogole a dit…

Nan. Il y a de la musique sans parole et de la parole sans musique.

Et de la poésie.

la. a dit…

'la musique comme moyen d'exprimer l'inexprimable'

Oui, mais la poésie, n'est-ce pas une forme de musique finalement?

'tite Gogole a dit…

Un mélange des deux.

la. a dit…

Nous sommes d'accord.