Voici enfin la note promise depuis quelques semaines, au sujet des diverses interprétations de la Ballade op.118 de Brahms que l'on trouve sur youtube.
J'en ai écouté quelques unes, une sorte de sélection de tout et n'importe quoi mis à disposition sur internet.
J'ai retenu quatre noms:
trois grandes figure du piano, Lugansky, Kissin et Pogorelich, et un jeune lauréat du concours Viotti, Cathal Breslin.
Kissin:
trop lourd, trop rubato, trop collant et pâteux. J'ai beaucoup de peine avec son Brahms mou, ventru et à la respiration difficile. C'est gros, gras et fatigué, le tempo est excessivement lent et de toute manière pas usé de façon adéquate. non, vraiment, je ne sais pas ce qui s'est passé dans l'esprit d'Evgeny Kissin au moment où il à joué cela. Peut-être l'air était-il lourd et moite ou son repas trop copieux? Il a trop bu, mal dormi, perdu sa brosse à dent ou son poisson rouge?
Ma critique est d'autant plus virulente que j'ai beaucoup d'affection et d'affinité avec son jeu. Sa troisième Ballade de Chopin a le pouvoir de m'envoyer à l'hôpital, ses Tableaux me font le plus vif effet. Et il joue un Brahms aussi médiocre!...
je suis dure avec lui, parce que je sais qu'il sait faire mieux. Le cas échéant, ce serait juste une démolition en bonne et due forme, sans aucun intérêt ni pour moi ni pour le pianiste en question. Et un perte de temps.
Pogorelich:
trop hâché. Autant Kissin était mielleux et coulant, autant Pogorelich devrait jouer plus près du clavier et se souvenir que la pédale n'est pas là pour faire joli. La partie lente, en revanche, très introvertie, simple, calme et légère, forme un agréable contraste avec les claquements secs du premier thème. Cette partie paisible est l'une de mes favorite et fait une très sérieuse concurrence à l'interprétation qu'en donne Lugansky.
Brelsin:
fluide mais sans perdre de caractère, il est peu-être un peu trop sec et trop disparate. J'ai le sentiment qu'il peine à avoir une vision global de cette ballade, qu'il hésite encore entre différents affects. Mais dans l'ensemble, son jeu est assez proche de celui de Lugansky, ce qui est évidemment un beau compliment. Un peu de maturité encore et sa 3ème Ballade Op.118 sera brillante.
Lugansky:
tempo très vif, jeu précis et fluide. Il va "tout droit", utilise très peu le rubato, mais en tire une fraîcheur et un naturel magnifique. Tout semble couler de source, facile et évident, le discours musical reste uni et cohérent tout au long de la pièce, et il assume parfaitement la rapidité de son jeu. En ce qui me concerne, cette interprétation de Lugansky est ma référence. (Malheureusement pour moi, il n'existe qu'un DVD de cet opus 118 par Lugansky...)
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Pour aller plus loin:
Evgeny Kissin - (3)
Nikolaï Lugansky - (1,2,3,4,5,6)
Ivo Pogorelich - (3)
Cathal Breslin - (1,2; 2,3,5, 6)
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Il y a 6 jours
6 commentaires:
Tu as tout à fait raison pour la poésie presque surréelle, très suspendue de Lugansky dans l'opus 118 no 6 mais je viens de réécouter son opus 118 no 2 et même si j'aime plusieurs aspects de son jeu dans la pièce (et que son interprétation reste ma préférée disponible sur Youtube), il ne me convainc pas à 100 %. Par contre, je suis bien contente d'avoir découvert ton site: touffu et fort intéressant. J'y reviendrai!
°Lucie - Alors ça va, nous sommes d'accord!
Même si la version de Kissin est assez pâteuse (l'impression qu'il a des doigts d'ogre et qu'il se met au piano quelques minutes avant le « closing time » ), c'est elle qui m'a le plus touchée, peut-être pour la clarté des lignes et aussi pour cette manière qu'il a de faire ressortir l'harmonie.
Pour ce qui est de la version de Lugansky, elle me plaît quand même, mieux encore que l'Intermezzo opus 118 qu'il interprète sur Youtube (dans le cadre du même concert, interprétation qui a inspiré un commentaire de la part de Lucie)
Je reviendrai te rendre visite car partout sur ton blog ça sent l'Amour de la Musique !!
Claudio: Moi aussi, c'est Kissin qui me touche le plus, quoi qu'il fasse.
J'ai réagi très violemment - j'en étais parfaitement consciente sur le moment déjà - parce que justement, je l'aime beaucoup (du moins son jeu, lui, je ne sais pas).Et quand une personne qu'on admire nous déçoit, c'est tellement pire que si c'est quelqu'un qu'on méprise!
Lavinie, content de lire cette clarification de ta part.
KIssin est loin d'être mon musicien préféré, mais en tant que pianiste il a cette densité du son, quelque chose de très physique qui m'enchante bien souvent, et ce même si certains de ses enregistrements me laissent froids (Sonate op.22 et Carnaval de Schumann, entre autres).
Oh, oui, la Sonate n°2 de Schumann!
Voilà ce qu'il faut absolument que j'achète (à défaut de la jouer...)
Cela me rappelle... tu m'avais demandé pour un nocturne de Chopin (que je ne me souviens même plus avoir glissé dans ces pages!). Non, malheureusement, rien n'est de moi, ici, si ce n'est les textes et les photos. D'ailleurs, je n'ai jamais vraiment joué autre chose que les études de Chopin...
(Mais je me rattrape maintenant avec la 3ème Ballade!!)
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