Araiza, Benackova, Raimondi
Orchester, Chor und Ballet der wiener Staatsoper, Binder Deutsche Grammphon, 2006
Faust, l'opéra phare de Tintin, l'air des bijoux de la Castafiore. Le chœur des soldats. Il s'agit d'un de ces opéras que peu ont vu, mais que beaucoup fredonnent les airs sous la douche.
L'avant-dernier volet de ma semaine faustienne - que j'aurais pu rendre plus étoffée, mais j'ai choisi de me limiter à trois formes de l'intrigue: écrite, jouée et mise en musique.
Mais vu ma lenteur à mener à bout ce programme, je pourrais tout aussi bien intégrer Mephisto Walzer de Liszt et la Damnation de Faust de Berlioz. Wait and see.
Je me trouve face à un problème de taille: j'ai attendu si longtemps d'écrire ma critique sur l'opéra que je peine à me souvenir avec précision de ce que j'avais vu et entendu.
Ich muss mal tüchtig nachgrübeln.
Mon favori était Raimondi dans le rôle de Méphistophélès, tant par la voix que par sa gestuelle et son aisance à se couler dans la peau de son personnage diabolique. Il a du coffre et un son parfois un peu rauque, âcre plutôt, comme pour avoir par trop souvent respiré les vapeurs sulfureuses de l'enfer. Souverain, mesquin, horrible, il donne la chair de poule tout en fascinant par la calme assurance qui est la sienne. On comprend que Faust ait été séduit par ce mystérieux et charismatique personnage.
L'excellence de Méphistophélès est généreusement encadrée par un Faust et une Marguerite tragiques et lyriques, descendants en droite ligne des héros de l'opera seria. Des voix riches et parfaitement à l'aise, même dans les passages plus virtuoses, des mimiques violentes, frôlant parfois l'exagération - mais n'oublions pas qu'il s'agit malgré tout d'une tragédie (d'où un jeu débordant de pathos par moment) , dans laquelle Méphistophélès ferait figure de noir bouffon qui, par l'insolence de ses actes, amène parfois un sourire sur le visage du spectateur.
L'art de ce couple malheureux atteint sans doute son paroxysme lors du dernier duo, Faust cherchant à faire évader Marguerite qui, elle, refuse de le suivre.
L'opéra est des plus plaisants, la musique de Gounod est facile d'accès, un lyrisme poignant qui alterne avec des chœurs plus populaires qui l'oreille retient facilement. La mise en scène reste sobre, bien qu'elle soit très sophistiquée. Elle joue avec le sentiment de confusion associé au pouvoir maléfique de Méphistophélès, notamment par le jeu d'images symboliques en transparence et les mouvements langoureux et brutaux à la fois du corps de ballet. Une scène superbement réussie qui illustre bien cette tactique scénique est le jugement de Marguerite, dans lequel la musique d'orgue sacrée fait place à une quasi cacophonie diabolique, tandis que l'autel devient guillotine et les nonnes des démons presque nus qui dansent une ronde qui rappelle la chorégraphie de Béjart sur le Sacre du Printemps.
Une petite touche d'humour kitsch lorsque Méphistophélès, pour suspendre le temps, jette sur ceux qu'il veut immobiliser des paillettes dorées, comme dans un dessin animé de Walt Disney (!).
Carl LOEWE – Gutenberg et le chœur des imprimeurs assassins
Il y a 1 semaine
2 commentaires:
Des nonnes presque nues ? tss tss...
Mais quand même, peux tu me rappeler où on peut l'acheter, cet alléchant DVD ? :-)
Pour voir des nonnes totalement nues, tu peux aussi regarder 'Fiery Angel' de prokofiev. On avait regardé ça à l'un de nos Opernabend de musicologie, l'opéra est très intense, j'avais adoré. (Il se termine dans une énorme orgie finale, le couvent hanté par l'esprit malin, les nonnes possédées par le démon, l'ange de feu Madiel.)
Amazone sans doute? Sinon ça doit se trouver dans une médiathèque.
Enregistrer un commentaire