mardi 24 mars 2009

La vie de Liszt est un roman (Zsolt Harsányi)

Dernière critique en retard, en ensuite je suis à nouveau à jour, ce qui tombe bien puisque j'ai presque terminé les Confessions d'un enfant du siècle et que je retourne tout bientôt à Paris pour quelques jours, avec plusieurs musées au programme, et des concerts aussi.


Actes Sud, 532 pages


Quatrième de couverture:
Il se décida pour une partition de Beethoven. La sonate pour piano en ré majeur opus 10. Il aplatit la feuille, ses yeux étincelaient de joie. Le mouvement presto de la sonate, le premier, commençait par une octave plaquée de la main droite. Il pensa au supplice affreux que lui avaient fait endurer les octaves quand il était plus jeune. Sa main était trop petite, la distance entre son pouce et son petit doigt ne couvrait pas les huit notes, quelque grands que fussent ses efforts pour les écarter. Il ne parvenait à frapper une octave qu'en trichant, d'une main qui se déplaçait à la vitesse de l'éclair. A l'âge de sept ans il jouait encore ainsi. A cette époque il se récitait chaque soir des prières secrètes pour que ses mains grandissent plus vite, et plus d'une fois l'envie le traversa de se taillader entre les doigts avec le rasoir de son père. Il était tourmenté par le désir indicible de pouvoir jouer à n'importe quel prix ce qu'il voyait imprimé sur les partitions. Alors qu'il déchiffrait pour la première fois une composition de Ries, il découvrit avec stupeur qu'il fallait de la main gauche frapper une dixième. Comment pourrait-il donc taper de sa petite main un intervalle de dix notes ? Son zèle démesuré le rendit inventif : tandis que de sa main droite il jouait en haut la mélodie, et en bas, de la gauche, la note inférieure de la dixième, il se pencha au-dessus du clavier et frappa du bout de son nez la note manquante. Son père fut secoué de rire pendant plusieurs minutes puis il le serra contre lui et l'embrassa. Mais lui ne riait pas. Il haïssait son impuissance.


Mon avis: ****
Une biographie romancée, c'est toujours à prendre avec des pincettes, car il y a forcément une part de fiction - si on nous débitait une suite de dates et faits, ce serait sec et ennuyant, même pour Liszt. On veut quelque chose de vivant, alors on est forcé d'inventer, et quand bien même on étudiais longuement la personnalité de Liszt, les discours et états d'âme resteront le fruit de l'imagination de l'auteur, de sa vision du personnage, de sa compréhension des événements.
Toutefois, si ce livre ne saurait servir de référence pour des études "scientifiques" sur le compositeur, il n'en demeure pas moins un très bon compagnon dans la compréhension du génial musicien que fut Putzi, et offre au lecteur un aperçu panoramique des différentes personnalités qui marquaient la vie non seulement musicale, mais également culturelle, sociale et politique durant la vie de Liszt.
Et nul doute que d'éventuelles erreurs auront tôt fait d'être rectifiées à la lectures de livres plus scientifiques. Voir directement à la lecture de celui-ci - le Righi qui est en réalité le Rigi, Madame Wesendonck qui s'appelle Mathilde et non pas Matild, etc.
Un roman qui se lit vite et agréablement, prenant et instructif, et certainement une bonne première approche de cet étrange personnage que fut Franz Liszt. Voir une approche tout court, pour ceux qui n'ont pas la chance d'étudier la musicologie.

12 commentaires:

Lucie a dit…

Je n'aime pas trop les biographies romancées habituellement, mais celle-là, je l'avais dévorée.

la. a dit…

C'est vrai que ça tient en haleine!

Anonyme a dit…

Pour une fois qu'il ne s'agit pas d'une liste à lire, mais d'un Liszt - les lecteurs masculins peuvent enfin être contents.

la. a dit…

euh... j'ai pas compris la blague, je crois.

delest a dit…

Pas grave, elle est nulle. L'avantage des blagues nulles, c'est qu'elles permettent de distinguer les gens vraiment subtils et intelligents - au fait, justement, qu'ils ne les comprennent pas ! :)

delest a dit…

Tiens, tiens, je me trouve assez lèche-botte, dans le commentaire précédent.
Il faut absolument que je sorte une ou deux petites piques, prochainement - histoire d'équlibrer (et de ne pas perdre la main) !

la. a dit…

Hm. Peut-être que j'ai compris: une liste, c'est féminin, un liszt est masculin. That's it?

Oui. Ca me déboussole complètement, je ne sais plus quoi penser.

delest a dit…

Zadsit. Tu veux un caramel mou ?

la. a dit…

Noszánks, sans façon.

delest a dit…

Tu as tort. Ca colle aux molaires, et entre les canines, résultat on en mange toute la journée. De plus, ça fait terriblement grossir - prétexte idéal pour se faire offrir une garde-robe toute neuve.
Que des avantages !

la. a dit…

Oh, pas besoin de caramels mous pour grossir à en devoir changer de garde-robe: quelques jours en Bulgarie ont largement suffi.

Anonyme a dit…

Oui, c'est un excellent bouquin sur ce personnage romantique et romanesque hors normes, qui se lit...comme un roman (un bon, j'entends !)Je découvre avec bonheur ce magnifique blog, qui parle de tout ce que j'aime, et qui en parle bien ! MErci à vous !
GaËlle Josse