Vendredi dernier, de retour de ma semaine aux Grisons, je déballe mon sac de montagne en écoutant Espace 2 diffuser en direct un concert du Festival Radio France de Montpellier. Vadim Repin et l'orchestre symphonique de l'Oural pour un programme assez inhabituel. Le grand virtuose de l'archet offre un bis, sans annoncer de quoi il s'agit, ce que la présentatrice déplore vivement. Cette pièce, que cette dame suppose être un air populaire russe n'est autre que le célébrissime thème du Carnaval Vénitien repris par Paganini, qui en a tiré des variations, notamment pour trompette, assez acrobatiques (tout à fait son genre, j'en conviens).
Je ne me considère de loin pas comme un puit de culture, d'où ma réaction outrée face aux lacunes de cette présentatrice d'une radio culturelle, alors que cette pièce je la chantonnais avant même d'avoir appris à lire!
Il est un vieil air populaire
Par tous les violons raclé,
Aux abois des chiens en colère
Par tous les orgues nasillé.
Les tabatières à musique
L’ont sur leur répertoire inscrit ;
Pour les serins il est classique,
Et ma grand mère, enfant, l’apprit.
Sur cet air, pistons, clarinettes,
Dans les bals aux poudreux berceaux,
Font sauter commis et grisettes,
Et de leurs nids fuir les oiseaux.
La guinguette, sous sa tonnelle
De houblon et de chèvrefeuil,
Fête, en braillant la ritournelle,
Le gai dimanche et l’argenteuil.
L’aveugle au basson qui pleurniche
L’écorche en se trompant de doigts ;
La sébile aux dents, son caniche
Près de lui le grogne à mi-voix.
Et les petits guitaristes,
Maigres sous leurs minces tartans,
Le glapissent de leurs voix tristes
Aux tables des cafés chantants.
Paganini, le fantastique,
Un soir, comme avec un crochet,
A ramassé le thème antique
Du bout de son divin archet,
Et, brodant la gaze fanée
Que l’oripeau rougit encor,
Fait sur la phrase dédaignée
Courir ses arabesques d’or.
~ Gautier, Sur le Carnaval de Venise, I - Dans la Rue ~
Moi qui croyais qu'à la radio Espace 2 tout le monde avait un savoir encyclopédique!... J'en suis tristement revenue à la désolante réalité.
11 commentaires:
Mein Hut, der hat drei Ecken, drei Ecken hat mein Hut....
Jdois être savante, je connais aussi (bon, pas au point de savoir qui était le compositeur ni le titre, moi je ne connaissais que cette version là ^^) :D
En français, notre chapeau a gagné un coin supplémentaire. Je vais me lancer dans la traduction, je crois: ça rapporte drôlement!
Ouais oh, la traduction c'est surtout beaucoup de boulot. Tu sais comment on dt tscheumlet, en mongol des Hauts Plateaux ?
quoi il a gagné un coin supplémentaire ? Il en a toujours eu trois, de coins, le chapeau Napoléonien, cpas moi qui invente les paroles non plus, oh !
Pis de toute façon cette chanson elle ne vaut rien si tu n'arrives pas à la combiner avec les gestes, alors beuh.
Rhaaa... déjà que le son youtube n'est pas toujours génial, si en plus il y a du public :/
delest: qu'est-ce que j'irais traduire du neuchâtelois dans du mongol? Hmm?!
céline: en français, mon chapeau a quatre coins, (...) s'il n'avait pas quatre coins, ce ne serait pas mon chapeau. Alors!
Et puis ce n'est pas la chansonnette qui ne vaut rien si tu n'arrives pas à combiner avec les gestes, mais toi qui es nulle (et de ce fait éliminée).
doudou: oh la râleuse de service! Va avaler ton pot de Nutella, et reviens-nous tout sourire.
Pas de nutella :-(
Le mien, il en a trois, paske je sais compter, moua !
Et pis d'abord, moi je sais combiner les gestes, tous tous tous, eh, nanméo, tu mprends pour qui, hein !
Yaplus djeunesse jvous jure...
Gogole: penses-y très fort, tetre qu'il apparaîtra.
Ah ! Tu réponds à une interrogation de plus de 7 mois - OK, je n'ai pas recherché vraiment activement...
Vadim Repin avait joué ce bis lors de son passage à Lyon, et je n'avais aucune idée de ce que cela pouvait être...
Il faut dire au passage qu'il y avait largement moins d'entrain à l'Auditorium de Lyon en décembre dernier, que ce soit du côté du public autant que du côté de la scène !
doudou: pauvre de toi. Lis Dostoievsky, c'est meilleur que le Nutella.
céline: tu écris comme tu parles: sans vraiment prononcer. Bitte nehmen sie sich ein wenig zusammen, liebes Fraülein! Vous n'êtes point dans un salon de causerie, mais dans un espace culturel (ahem...).
ben: après enquête, il semblerait effectivement que le thème que n'importe quel mioche germanophone chante dès qu'il sait aligner deux mots soit nettement moins connu du côté des francophones. Enfin, tant mieux si ma petite crise colérique a pu t'être utile!
Oui, et puis du coup tu me rassures parce que je me sentais inculte par la même (mais je l'assume ^^).
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