Arènes d'Aventicum, 04.07.2008, 21:15
Verdi revient dans les arènes de la cité romaine d'Avenches pour la quatrième année consécutive, après Nabucco, Il trovattore, et Aïda, que le Festival d'Opéra d'Avenches a présenté en 2005, 2006 et 2007.
J'avais gagné deux places dans la catégorie à 70.- pour le Trouvère. J'y étais allée avec Noémie: sandwiches sur les gradins, discussions détendue avec une dame devant nous, soleil et bonne humeur. Une poignée de contrebassistes débarquent dans la fosse, le ciel se couvre, et il pleut. Les gens sortent parapluies et pèlerines, c'est drôle, il se forme des groupes par couleur. Ainsi les fameux Hommes jaunes. Vous remarquerez aussi le magnifiqe parapluie Pombär apparentant à un élégant monsieur en complet-veston qui a payé sa place 120.- (!)...
Il avait plu, la représentation avait été annulée, et avec nos billets gagnés, impossible de changer de soir. Le plus vexant c'était que le temps de descendre à la gare, il faisait à nouveau grand soleil. Trop tard. Pour nous consoler, nous avons regardé la Dame de Pique en DVD jusqu'au petit matin.
Cette été, point de billet gratuits, mais la dernière catégorie à la caisse du soir. Soleil, grande foule: ce soir, c'est la première. Je n'ai encore jamais assisté à une première.
Le temps reste splendide, jusqu'à la fin.
Guiseppe Verdi: La Traviata.
Distribution:
Violetta: Patrizia Ciofi
Alfredo Germont: Roberto Saccà
Giorgio Germont: Renato Bruson
Flora: Gabriella Bosco
Camerata suisse, direction: Graziella Contratto
Pour cette première, nous avons droit à une excellente distribution. J'ai rarement trouvé aussi peu à redire, tant dans les rôles titres que dans les figures secondaires, à l'exception peut-être du Handel donné à l'Opéra de Lausanne ce printemps.
Peut-être que le vibrato dans les aigus de Renato Bruson était un peu forcé et manquait de naturel. Mais c'est bien tout ce que je trouve à reprocher aux chanteurs.
Nous avons eu un ténor magnifique, un vrai de vrai, qui a une voix profonde et pleine jusque dans les notes les plus aigües et dont les graves sortaient toutes en rondeur et facilité. Et que dire de Partizia Ciofi! Ah la belle dame! Une voix pleine de ressources, joliment timbrée dans tous les registres, du pianissimo à peine audible au forte les plus tragiques, elle monte et descend autant que vous le voulez, sans que cela ne semble lui poser le moindre problème. Bref, une technique de fer pour une voix de velours, et une belle présence scénique. (exemple ici)
Vraiment, un très beau moment musical.
Pour ce qui est du visuel, nos places, situées sur le côté, presque derrière la scène, faussaient notre perception de la mise en scène, et je ne me sens donc pas à même de donner une critique du travail du metteur en scène. La mise en scène restait dans le cadre historique, chapeaux haut-de-forme et capes pour ces messieurs, grandes robes et coiffures sophistiquées pour ces dames.
Un plaisir visuel très certain, en revanche, était la direction de la chef d'orchestre suisse Graziella Contratto, jeune femme qui porte très bien son prénom. Sa direction énergique est tout à fait charmante, toute en gestes fluides et gracieux, tantôt sa baguette se fait très ferme, tantôt elle exécute une danse aérienne, dans la légèreté, toujours. Je n'avais jamais vu une femme diriger un orchestre auparavant, mais j'imagine qu'une directrice a deux possibilités: ou bien elle adopte le style de ses collègues masculin, ou bien elle développe son propre style. Graziella a apparemment choisi cette deuxième option. Sa manière de diriger n'a strictement rien de masculin, pas même lorsqu'elle doit remettre au pas un chœur qui s'est pris trop de libertés dans le tempo. Sa silhouette menue danse devant les musiciens, sans perdre pour autant de sa précision.
Une Camerata suisse sous une conduite féminine tout en grâce et en légèreté, précise et intelligente, avec une jeune Graziella Contratto qui sait s'imposer sans avoir recours à une direction masculine. (un exemple ici) J'ose croire qu'elle a encore un bel avenir devant elle.
La vraie perle rare, ce soir, pour moi, c'était elle. C'était Graziella Contratto.
A ceux qui en ont la possibilité, ce spectacle en vaut vraiment la peine. A voir absolument!
4, 5, 9, 11, 12, 16, 18, 19 juillet 2008, Arènes d'Avenches, 21:15. Ouverture des guichets à 18:00, fermeture des portes à 21:00
6 commentaires:
C'est vrai qu'elle est gracieuse, cette jeune Graziella. Et qu'elle sait s'imposer. Ce devait être une belle soirée. Dans le lien youtubesque que tu donnes, elle dirige "Sérénade pour les strings".
On constate donc, qu'en plus, elle n'a pas froid aux yeux :-)
oh, elle a déjà dirigé des symphonies de Bruckner et Mahler...
Un petit Tchoutchou n'a plus de quoi l'inquiéter.
Pas plus d'ailleurs qu'un string que delest aura oublié de traduire.
;o)
ah mais je m'excuse bien de vous demander pardon, miss Lavinie. Et comment traduit on "string" autrement que par "string" ? Mon hypothése mérite donc examen. Je vous rappelle que, dans le domaine des instruments à corde, les anciens avaient tout inventé. Alors pourquoi pas dans celui des sous-vêtements à corde ? (demanda Delest, indigné).
Les femmes qui tiennent des baguettes sont des sorcières, ou des chefs d'orchestre.
Mais peut-être est-ce un peu la même chose ?
<3 Krouchinounette à Montpellier, Krouchinounette à Montpellier: HOURRAAAAA
delest: chut! Tu vas m'attirer tous les pervers de blogville!!
mikado: Peut-être bien...
dodoré: J'ai peine à y croire encore... Ciccolini, Courbet, Mozart, Montpellier, le Sud, et ma Dodoré. C'est presque trop!
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